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Environnement

Va-t-il falloir s'habituer à la présence de méduses sur les plages françaises?

Certains vacanciers peuvent avoir la mauvaise surprise de trouver des méduses dans l'eau ou sur la plage. Elles prolifèrent notamment à la faveur d'une eau réchauffée, ce qui peut laisser penser que le dérèglement climatique risque d'entraîner leur multiplication. Ce n'est toutefois pas le seul facteur à prendre en compte.

La période estivale s'accompagne, comme chaque année, de diverses alertes concernant la présence de méduses sur certaines plages françaises. Sur la Côte d'Azur par exemple, des méduses ont été aperçues sur plusieurs plages ces derniers jours, dans les Alpes-Maritimes notamment, selon la préfecture du département.

Des méduses ont également été repérées ces derniers mois sur certaines plages de l'Ouest, dans la baie de Douarnenez (Bretagne) ou à Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime) par exemple. Des épisodes qui marquent les promeneurs et les baigneurs, même si le fait de trouver des méduses sur les plages françaises n'est "pas exceptionnel", souligne la biologiste marine Françoise Gaill auprès de BFMTV.com.

Les méduses prolifèrent à la faveur de plusieurs variables, parmi lesquelles la température de l'eau et les courants marins, explique l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) sur son site. Leur apparition sur les plages est également liée aux courants:

"Ils ramènent les méduses, qui flottent et ne nagent pas", développe Françoise Gaill.

Une prolifération favorisée par des eaux chaudes

Les conditions idéales de reproduction des méduses pourraient être réunies plus souvent dans l'avenir en raison du réchauffement climatique lié aux activités humaines.

"Une température de l'eau plus élevée entraîne un développement plus rapide des larves", appuie Françoise Gaill, directrice de recherche émérite au CNRS.

Or, en Europe, "toutes les mers se sont considérablement réchauffées depuis 1870 et plus particulièrement depuis la fin des années 1970, les dernières années ayant été parmi les plus chaudes jamais enregistrées", selon le site de l'Agence européenne pour l'environnement. Cette hausse devrait par exemple être de l'ordre de 1,1°C à 3,4°C d'ici 2100 pour la mer Méditerranée, selon l'agence de l'Union européenne.

Il y a donc une "grande probabilité" que le réchauffement des océans entraîne une prolifération accrue des méduses dans les années à venir, affirme Françoise Gaill. "Toutefois, cette évolution pourrait également nuire à certaines espèces, car les espèces de méduses d'eau froide verraient leur habitat se rétrécir", explique le site spécialisé sur les océans de la Smithsonian Institution, un complexe de musées américains.

Un lien avec la surpêche?

Par ailleurs, les méduses pourraient profiter de la surpêche, qui élimine leurs prédateurs, note Nausicaá, le centre national de la mer, sur son site. Autre effet de la pêche intensive: en étant sortis de l'eau par l'Homme, les autres prédateurs du plancton laissent plus de nourriture aux méduses.

Selon un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) publié en 2022, 73% des espèces commerciales sont encore surexploitées dans la mer Méditerranée et dans la mer Noire et la pression de pêche, même si elle a baissé ces dix dernières années, reste le double de ce qui est considéré comme durable.

Un futur encore incertain

En l'absence de données précises sur le nombre de méduses dans les océans ou sur la fréquence de leur arrivée sur les plages françaises, il reste toutefois difficile d'affirmer qu'elles se sont multipliées ces dernières années.

L'Ifremer affirme que dans plusieurs régions, comme le golfe de Gascogne et au sud de la Grande-Bretagne, l'arrivée des méduses a surtout été mise en relation avec un phénomène de forts vents marins et qu'"invoquer systématiquement la dégradation de l'environnement pour expliquer l'origine des proliférations de méduses est hautement hasardeux".

En cas de piqûre de méduse, le ministère de la Santé recommande de rincer abondamment avec de l'eau de mer, avant de nettoyer la plaie sans frotter ni appliquer d'alcool et d'en enlever les tentacules. Il conseille ensuite de mettre de sable sur la partie touchée et de laisser sécher le tout. Contactez les secours si la zone enfle ou que vous avez du mal à respirer.

Sophie Cazaux