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Environnement

Tomates, courgettes, haricots... Avec la chaleur automnale, les légumes d'été n'ont pas dit leur dernier mot

Certains maraîchers voient un impact direct de la douceur de cet automne sur leurs récoltes. Le réchauffement climatique a des effets importants sur l'agriculture.

La France connaît en cette mi-octobre une douceur, voire une chaleur, remarquables pour la saison. Dimanche dernier, le seuil des 30°C a été franchi à plusieurs endroits dans le Sud-Ouest, à Dax ou à Biarritz par exemple. De telles températures ont un impact direct sur l'agriculture. Gérard, maraîcher strasbourgeois, récolte par exemple des piments, des tomates ou encore des haricots en ce moment, alors qu'ils sont généralement cultivés l'été.

Plusieurs paramètres du réchauffement climatique ont un impact sur l'agriculture: l'augmentation des températures moyennes, la hausse de la concentration en CO2 dans l’atmosphère, la variabilité des précipitations ou encore l’augmentation des événements extrêmes (canicule, sécheresse, inondations, tempêtes, …).

Le décalage du calendrier agricole est un effet direct de la hausse des températures notamment. Les vendanges ont par exemple lieu "deux semaines plus tôt qu'il y a 20 ans en Champagne" et "à Mirecourt, dans les Vosges, les semis de blé sont effectués un mois plus tôt qu'en 1970", souligne l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un établissement public, sur son site.

Une productivité changée

Les impacts sont différents selon les territoires. L'Agence européenne pour l'environnement estime que dans le nord de l'Europe, "la productivité agricole pourrait s'accroître en raison de l'allongement de la période de croissance des végétaux et de l'allongement de la période sans gel".

A l'inverse, dans le sud du continent, "des phénomènes de chaleur extrême ainsi que la baisse des niveaux de précipitations et de la disponibilité en eau risquent de nuire à la productivité des cultures".

Les conséquences du réchauffement climatique sur les rendements s'observent d'ailleurs déjà. Après un été 2022 particulièrement sec et chaud, "le bilan des récoltes des cultures d'été est en deçà des rendements habituels", a annoncé le ministère de l'Agriculture dans un communiqué publié le 3 octobre.

Le maïs connaît ainsi sa "plus faible récolte depuis 1990", selon les prévisions du service de la statistique du ministère, avec 11,3 millions de tonnes de maïs grain produit.

Or, selon le World Weather Attribution, un consortium de scientifiques, le réchauffement climatique a rendu la sécheresse de cet été en Europe du Nord et de l'Ouest 3 à 4 fois plus probable pour la surface du sol et 5 à 6 fois pour les racines.

Des maladies qui prolifèrent

Fatima Riahi, maraîchère, craint des problèmes pour ses récoltes de cette année en raison de la chaleur du mois d'octobre, puisqu'habituellement, "le froid permet d'éliminer les maladies, les parasites", explique-t-elle à BFMTV.

En effet, certaines maladies prospèrent avec la chaleur. Le mildiou par exemple, maladie qui attaque les pommes de terre et les tomates, causée par un champignon, préfère les saisons chaudes et humides.

"Le changement climatique crée des conditions favorables à sa prolifération à différents moments et dans différents endroits", comme en Egypte, explique la FAO, l'organisation de l'ONU pour l'agriculture, sur son site.

Une fois établis, "les organismes nuisibles et les maladies des végétaux sont difficiles à éradiquer et cette opération requiert énormément de temps et d’argent", selon la FAO. L'organisation recommande donc d'adopter des stratégies préventives, comme la rotation des cultures (alterner différents types de cultures sur une même parcelle) ou la culture intercalaire (faire pousser deux espèces différentes en même temps dans le même champ). Elles permettent d'éviter les nuisibles en interrompant leur cycle de vie ou en les exposant à des végétaux qui les repoussent.

Sophie Cazaux