BFMTV
Environnement

Mais au fait, comment va la couche d'ozone?

Images de la couche d'ozone sur le pôle Nord entre le 9 mars et le 1er avril - Agence Spatiale Européenne

Images de la couche d'ozone sur le pôle Nord entre le 9 mars et le 1er avril - Agence Spatiale Européenne - Agence Spatiale Européenne

Le trou de la couche d'ozone se referme. On pourrait croire que c'est une bonne nouvelle. Pas vraiment.

On n'en parle quasiment plus, mais elle est toujours aussi importante: la couche d'ozone. Et on n'en parle presque plus non plus mais il est toujours là: le trou, ou plutôt les trous, dans la couche d'ozone.

Il y a un peu plus d'une trentaine d'années, c'était le grand sujet écologique et environnemental: la protection de la couche d'ozone, sujet largement écrasé ces derniers temps par les conséquences des gaz à effet de serre et les enjeux considérables du changement climatique.

Le protocole de Montréal

Ce mercredi se tient ainsi la journée internationale de la protection de la couche d'ozone, date anniversaire de la signature du protocole de Montréal en 1987. Un accord signé au total par près de 200 pays, qui a permis de bannir et de faire officiellement disparaître les CFC - les chlorofluorocarbures - ces gaz responsables de la disparition de la couche d'ozone présents dans les aérosols et appareils ménagers refroidissants comme les réfrigérateurs ou les climatiseurs. Un protocole qui a certainement sauvé l'humanité et l'un des rares à avoir été universellement ratifié.

À la fin des années 1970, des études révèlent l'ampleur du désastre causé par les CFC: un trou de la taille de l'Europe s'est formé dans la couche d'ozone au-dessus du pôle Sud. Il y a urgence, la prise de conscience est générale et la mobilisation internationale. Illustration de cette sonnette d'alarme avec le célèbre petit logo représentant une main au-dessus d'un globe terrestre, accompagné du slogan "préserve la couche d'ozone", qui voit le jour sur de nombreux produits.

Un bouclier pour la Terre

La couche d'ozone, c'est ce bouclier situé entre 20 et 40 km d'altitude, qui protège la Terre et ses habitants des rayons ultraviolets du Soleil. Sans elle, pas de vie possible, faune et flore brûleraient. C'est d'ailleurs une réduction de la couche d'ozone il y a 360 millions d'années qui a causé une extinction massive de la vie animale et végétale, avec la disparition de 75% des espèces vivantes de cette époque, comme le rapporte un article publié dans Science Advances.

Le sujet est toujours d'actualité. En mars dernier, des scientifiques ont observé la formation d'un gigantesque trou dans la couche d'ozone au-dessus du pôle Nord, un phénomène inhabituel en Arctique. Et le plus grand jamais obervé dans cette zone: trois fois plus grand que le Groenland.

"Les trous se forment régulièrement depuis plusieurs décennies, explique à BFMTV.com Véronique Riffault, enseignante-chercheuse au département sciences de l'atmosphère et génie de l'environnement à l'Institut Mines-Telecom Lille Douai. Cette formation de trous est même saisonnière, mais elle plus courante au pôle Sud, au-dessus de l'Antarctique, pour des raisons topographiques et climatiques."

L'ozone rongée

En cause: des conditions atmosphériques exceptionnelles associées à la présence de CFC. Ces composés ont été émis il y a plusieurs décennies et persistent dans l'atmosphère, ils ont une durée de vie de 50 à 100 ans. Ces derniers finissent par grignoter l'ozone. Utilisés massivement à partir des années 1950-1960, "ils ont mis du temps à migrer dans la haute atmosphère, comme ils mettront du temps à en disparaître", ajoute Véronique Riffault. "C'est un phénomène lent."

Car aujourd'hui, la couche d'ozone est en bien meilleure santé. Le trou au-dessus de l'Arctique s'est refermé. Quant à celui au-dessus de l'Antarctique, il est revenu l'année dernière à son plus bas niveau depuis ses premières observations, selon la Nasa, bien que le phénomène soit principalement dû à un aléa météorologique inédit, la hausse des températures stratosphériques.

Néanmoins, les spécialistes considèrent que l'ozone se reconstitue à un rythme de 1 à 3% par décennie et que, d'ici 2030, les dégâts causés par l'espèce humaine depuis les années 1980 pourraient avoir disparu dans l'hémisphère Nord, d'ici 2060 à 2070 dans l'hémisphère Sud. "On commence à voir les effets du protocole de Montréal plusieurs décennies après", poursuit Véronique Riffault.

Pollution et changement climatique

Si les CFC ont aujourd'hui officiellement disparu - la Chine est cependant accusée d'en produire illégalement, comme l'a révélé une enquête de Nature - le problème n'est pas pour autant réglé.

Car ils ont été remplacés par les hydrofluorocarbures (HFC), qui contribuent quant à eux à renforcer l'effet de serre. Ces derniers ont eux aussi fait l'objet d'un amendement au protocole de Montréal et devraient disparaître à leur tour dans les prochaines années.

Mais pour la spécialiste de l'atmosphère Véronique Riffault, l'état de la couche d'ozone ne reflète pas pour autant la bonne santé atmosphérique. "La qualité de l'air que l'on respire, les gaz à effet de serre ou encore la pollution atmosphérique restent inquiétants." Et selon elle, si c'est "une bonne chose que notre bouclier aille mieux", il reste "beaucoup de choses à régler en dessous".

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV