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Environnement

Le pôle Nord victime à son tour d'un trou dans la couche d'ozone

Images de la couche d'ozone sur le pôle Nord entre le 9 mars et le 1er avril - Agence Spatiale Européenne

Images de la couche d'ozone sur le pôle Nord entre le 9 mars et le 1er avril - Agence Spatiale Européenne - Agence Spatiale Européenne

Depuis mars, un trou s'est formé dans la couche d'ozone du pôle Nord, un phénomène inhabituel dans cette zone, dû notamment à des conditions atmosphériques exceptionnelles. D'après les scientifiques, il devrait se refermer mi-avril.

Depuis plusieurs semaines, les scientifiques du Centre aérospatial allemand notent "une forte réduction des concentrations d'ozone sur l'Arctique", explique dans un communiqué début avril l'Agence Spatiale Européenne. Grâce au satellite Copernicus Sentinel-5P, ils ont observé dès mars la création d'un trou dans la couche d'ozone au-dessus du pôle Nord, un phénomène exceptionnel dû notamment à des températures inhabituellement basses en Arctique.

Ce trou d'ozone devrait se refermer mi-avril, selon les pronostics des scientifiques.

Un phénomène rare en Arctique

"De mon point de vue, c'est la première fois que l'on peut parler d'un véritable trou d'ozone dans l'Arctique", explique au journal scientifique Nature Martin Dameris, du Centre aérospatial allemand.

Dans le passé, des mini-trous d'ozone ont déjà été repérés au-dessus du pôle Nord, mais ils ne sont habituellement pas aussi gros que celui-ci. "Le trou d'ozone que nous observons au-dessus de l'Arctique cette année a une extension maximale de moins d'un million de kilomètres carrés", explique à l'agence spatiale européenne (ASE) Diego Loyola, du Centre aérospatial allemand.

C'est d'habitude au niveau du pôle Sud que des trous importants dans la couche d'ozone sont régulièrement observés. Mais, la faille observée côté Arctique n'est rien comparée "au trou Antarctique, qui peut atteindre une taille d'environ 20 à 25 millions de km²", souligne Diego Loyola. 

Comment ce trou d'ozone s'est-il créé?

La couche d'ozone est située au niveau de la stratosphère et protège la vie sur Terre des rayons ultraviolets solaires. Le trou d'ozone est en partie "entraîné par des températures extrêmement froides, inférieures à -80°C", écrit l'ASE, mais aussi par l'émanation de substances émises par l'homme telles que les chlorofluorocarbones, comme le chlore et le brome. La lumière du Soleil et les champs de vents ont également un rôle dans ce phénomène.

"Chaque année en hiver antarctique, les températures glaciales permettent aux nuages de haute altitude de se rassembler au-dessus du pôle Sud. Les produits chimiques, y compris le chlore et le brome, qui proviennent de réfrigérants et d'autres sources industrielles, déclenchent des réactions sur les surfaces de ces nuages qui rongent la couche d'ozone", explique Nature.

Cette année, des vents puissants circulant autour du pôle Nord ont ainsi crée en Arctique "un vortex polaire", soit un "un tourbillon circulaire de vents stratosphériques" explique l'ASE. Ces vents étaient les plus froids enregistrés depuis 1979 sur ce pôle, et ont entraîné des températures particulièrement basses. "À la fin de l'hiver polaire, la première lumière du soleil sur le pôle Nord a déclenché cette inhabituellement forte diminution d'ozone", continue l'ASE.

Doit-on s'en inquiéter?

Il semble que ce trou d'ozone ne soit toutefois pas une menace, explique à Nature Markus Rex, scientifique à l'Institut Alfred Wegener de Potsdam (Allemagne). L'ozone se rétablit à mesure que les températures augmentent, et que le vortex polaire disparait et les scientifiques ont pronostiqué une fermeture du trou mi-avril.

Difficile pour le moment de dire quelle part l'activité humaine a pris dans la création de ce trou d'ozone, car les conditions atmosphériques dans cette zone du monde étaient particulièrement inhabituelles.

Afin de limiter l'impact de l'homme dans la création de ces phénomènes, 24 pays ont signé en 1987 le Protocole de Montréal, en promettant d'assurer "la protection de la couche d’ozone par l’élimination graduelle à l’échelle mondiale des substances appauvrissant la couche d’ozone (SACO)", comme le brome et le chlore, explique le site du gouvernement canadien. Cet accord est considéré comme fructueux car il a contribué a considérablement diminuer la brèche ouverte en Antarctique: la taille du trou d'ozone du pôle Sud en novembre 2019 était la plus petite mesurée en 35 ans.

Salomé Vincendon