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Environnement

La pollution aux particules fines peut être mortelle, y compris à court terme

La capitale enveloppée d''un voile de pollution lors d'un pic enregistré le 11 mars 2014.

La capitale enveloppée d''un voile de pollution lors d'un pic enregistré le 11 mars 2014. - AFP

Alors que des alertes aux particules fines ont été déclenchées à Paris et dans les Alpes, une étude de l'Institut de veille sanitaire montre que l'exposition à cette pollution, même à de faibles concentrations, augmente le risque de mortalité à court terme.

La pollution atmosphérique tue, et particulièrement celle causée par les particules fines. Baptisées PM10 parce que leur taille est inférieure à 10 microns, ces particules de pollution se révèlent mortifères non seulement à long terme, mais aussi à très court terme, autrement dit à l'échelle de quelques jours. Cet inquiétant constat est synthétisé dans un article publié mardi par l'Institut de veille sanitaire (InVS).

Hasard des conditions atmosphériques, une alerte aux microparticules a été déclenchée mardi à Paris et est entrée dans son septième jour dans la vallée de l'Arve, qui compte notamment la ville de Chamonix-Mont-Blanc.

Ce premier bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'année n'est guère rassurant: "même à des concentrations, en moyenne annuelle, conformes à la réglementation européenne", la surmortalité engendrée par cette pollution est patente, surtout en été. Comme le souligne Mathilde Pascale, épidémiologiste au sein du programme Air-Climat qui a participé à l'étude, "il n'existe pas de seuil en dessous duquel il n'y aurait pas d'effet sur la santé".

Une mortalité accrue dans les 5 jours suivant l'exposition

Si les particules fines ne sont pas visibles à l'œil nu, elles sont pourtant présentes partout dans nos grandes villes. Depuis 1997, rappelle l'étude, l'InVS scrute plusieurs agglomérations françaises dans le cadre de son Programme de surveillance air et santé et "quantifie les impacts sanitaires à court terme (c’est-à-dire survenant quelques jours après l'exposition)". Les chercheurs ont ainsi montré qu'à chaque fois que la concentration de particules PM10 augmente de 10 microgrammes par mètre cube, le risque de décès non accidentel augmente de 0,5% dans les cinq jours suivants.

Par leur extrême finesse, ces particules pénètrent facilement dans le corps et augmentent le risque de développer des maladies comme l'asthme, le cancer du poumon ou certains troubles cardiovasculaires. "Mais elles augmentent également le risque de décès à court terme chez des personnes déjà malades, notamment en été, lorsque la pollution vient se combiner avec la chaleur", indique encore Mathilde Pascale.

Marseille, Lille et Lyon: tiercé perdant des villes les plus polluées

S'appuyant dans un premier temps sur huit zones géographiques, le programme a ensuite été étendu progressivement à 17 agglomérations urbaines: Bordeaux, Dijon, Grenoble, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse, Lens-Douai. La méthode d'évaluation de la concentration des particules, sous-évaluée jusqu'au changement de méthode, a été modifiée en 2007, indique aussi l'article.

De ces nouvelles mesures et méthodes de quantification, il apparaît que les villes de Marseille, Lille et Lyon sont les plus atteintes par cette pollution aux particules fines. Etonnamment, Paris n'apparaît qu'en septième place dans ce classement, après Nice, Grenoble et Lens-Douai.

Principalement générée par les gaz d'échappement des véhicules (notamment ceux des moteurs diesel), l'activité industrielle ou le chauffage au bois, cette pollution touche en priorité les villes, mais pas seulement, comme l'atteste l'exemple alpin de ces derniers jours.

David Namias et AFP