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La biodiversité en danger: à quoi va servir la COP15 qui s'ouvre ce mercredi?

Antonio Guterres le 6 décembre 2022, lors d'une cérémonie à Montréal à la veille de la COP15

Antonio Guterres le 6 décembre 2022, lors d'une cérémonie à Montréal à la veille de la COP15 - ANDREJ IVANOV / AFP

Au cours des deux semaines à venir, les 190 pays réunis, représentés par leurs ministres de l'Environnement respectifs, tâcheront de sceller un accord historique pour sauver les espèces et les milieux naturels d'une destruction irréversible.

Nous avons encore une "chance d'arrêter cette orgie de destruction". En ouverture de la COP15 sur la biodiversité, organisée à partir de ce mercredi à Montréal (Canada), le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a tenu à souligner l'importance de cet événement, qui succède de quelques semaines à la COP27 de Charm el-Cheikh. Au cours de celle-ci, un texte final appelant à une réduction "rapide" des émissions, jugé déceptif et insuffisant, avait été ratifié.

"Avec notre appétit sans limite pour une croissance économique incontrôlée et inégale, l'humanité est devenue une arme d'extinction massive", a martelé Antonio Guterres.

• Quels sont les objectifs de la conférence?

Les enjeux sont nombreux pour les 190 pays réunis jusqu'au 19 décembre prochain. De manière générale, il s'agit d'adopter un nouveau cadre mondial décennal pour sauvegarder la nature et ses ressources indispensables à l'humanité.

Au total, il s'agit de concrétiser un accord d'une vingtaine d'objectifs, dont le principal vise à protéger 30% des terres et des mers. D'autres prévoient la restauration des milieux naturels, la réduction des pesticides, la lutte contre les espèces invasives, ou les conditions d'une pêche et d'une agriculture durables.

Les financements des pays riches vers les pays en développement seront aussi un point décisif. Une coalition du Sud a réclamé au moins 100 milliards de dollars par an pour la biodiversité, autant que pour le climat, et 700 milliards de dollars par an d'ici 2030.

Certains pays souhaitent mettre en place un fonds dédié à la biodiversité, une proposition à laquelle résistent les pays riches, qui préfèrent perfectionner les canaux existants, notamment les banques publiques de développement.

La question épineuse de la biopiraterie est également source de blocages: de nombreux pays exigent que les pays riches partagent enfin les bénéfices des cosmétiques et des médicaments dérivés des ressources conservées au Sud.

• À quel point la biodiversité est-elle en danger?

Le temps presse. Un million d'espèces sont menacées d'extinction, un tiers des terres sont gravement dégradées et les sols fertiles disparaissent, tandis que la pollution et le changement climatique accélèrent la dégradation des océans. D'autant que selon Antonio Guterres, la dégradation des écosystèmes est estimé à 3000 milliards de dollars par an d'ici 2030.

Parmi les points importants abordés lors de cette COP15, la surpêche. À titre d'exemple, selon un rapport de l'ONU publié ce vendredi, elle a grandement diminué en Méditerranée et en mer Noire au cours de la dernière décennie mais concerne encore 73% des espèces commercialisées, soit toujours loin de l'objectif d'une pêche durable.

• Qui sera présent à la COP15?

Le sommet, présidé par la Chine et déplacé au Canada en raison de la politique zéro Covid de Pékin, se déroule sans l'appui des leaders mondiaux, pourtant venus en nombre à la COP climat de Charm-el-Cheikh en novembre. Ce sont donc les ministres de l'Environnement qui seront chargés, à partir du 15 décembre, de faire aboutir les négociations.

De plus, comme le souligne France Info, le dirigeant chinois Xi Jinping, ne sera pas présent non plus en raison des tensions qui existent entre Pékin et Ottawa.

• Un accord significatif est-il envisageable?

L'ambition affichée reste ainsi de sceller un accord aussi historique que celui de Paris pour le climat en 2015. Mais certains craignent "des stratégies éventuellement délibérées pour provoquer un scénario semblable à Copenhague", où la COP Climat avait connu un échec retentissant en 2009, note l'ONG Avaaz. L'idée est aussi de s'accorder sur des objectifs mesurables et contrôlés, afin de ne pas répéter l'échec du cadre précédent, adopté en 2010 à Aichi, au Japon.

Pour tenter d'aboutir, trois jours de discussions préalables ont eu lieu du 3 au 5 décembre. Mais elles se sont conclues sans avancée significative - seulement cinq objectifs approuvés - alimentant une inquiétude de plus en plus vive chez les experts et les ONG.

"Il y aura un accord. Sera-t-il ambitieux et bien chiffré? Nous craignons que les ambitions du cadre global soient fortement diminuées, avec une disparition des objectifs chiffrés", estime l'écologue américain Paul Leadley, contacté par France Info.

"Nous sommes dans l'ultime ligne droite, et il est temps pour chacun de faire un pas en avant, cela devient crucial", a insisté mardi la patronne du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen, visiblement préoccupée.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier avec AFP Journaliste BFMTV