Hachette soutient Greenpeace contre un géant du papier canadien, accusé de détruire la forêt boréale

L'ONG accuse le Canadien Résolu de détruire la forêt primaire boréale. En réponse, l'entreprise attaque l'organisation écologiste en justice, menaçant son existence même.

Entre Hachette, éditeur français bien connu et son fournisseur de papier canadien Résolu, les relations se tendent. En cause, le fait que le géant des produits forestiers accusé par Greenpeace de détruire la forêt primaire boréale a décidé d'attaquer l'ONG écologiste en justice. Coïncidence? La firme s'est offert les services des avocats de Donald Trump. Elle réclame depuis l'année dernière quelque 300 millions de dollars canadiens (soit 200 millions d'euros) à Greenpeace au titre de dommages et intérêts. Elle poursuit aussi Greenpeace Canada et deux de ses employés nommément désignés pour 7 millions de dollars canadiens. 

Des sommes propres à remettre en cause l'existence même de l'ONG si elle était condamnée à cette hauteur. Selon l'ONG, une victoire en justice de l'entreprise forestière pourrait "créer un précédent dangereux" qui risquerait "d'encourager les entreprises à travers le monde à utiliser des tactiques similaires contre leurs détracteurs" sur d'autres enjeux environnementaux.

Dans une lettre datée du 8 juin adressée par le patron d'Hachette Livre, Arnaud Nourry à Richard Garneau, son alter ego à Produits Forestiers Résolu, celui-ci s'interroge sur les méthodes musclées de son fournisseur d'outre-Atlantique.

"Pour dire les choses autrement, à une époque où les Etats-Unis ont décidé de tourner le dos aux Accords de Paris sur le changement climatique, il nous paraît plus nécessaire que jamais que des ONG indépendantes comme Greenpeace puissent faire leur travail. Sinon, qui va prendre la défense de l'environnement dans les années qui viennent?"

L'appel de Greenpeace entendu

Hachette souligne que beaucoup de ses auteurs soutiennent la cause écologiste. Beaucoup d'écrivains, dont notamment le prix Goncourt Laurent Gaudé et le prix Renaudot Annie Ernaux, ont affiché leur plein et entier support à la cause de Greenpeace. 

Une pétition visant à dénoncer la menace que fait peser Résolu sur la forêt primaire boréale et la faune qui y vit, dont les emblématiques caribous, a recueilli plus de 500.000 signatures. 

"Nous nous réjouissons que le groupe Hachette Livre soit le premier éditeur à s’engager pour la protection des forêts et du droit à la liberté d’expression", indique l'ONG.

De son côté, Résolu dénonce en Greenpeace une organisation criminelle. Selon l'entreprise l'action en justice fait suite ""aux menaces, cyberattaques, intimidation des clients, destructions d'emplois, préjudice aux communautés locales et diffamation de la part de Greenpeace". Quant à la lettre récemment reçue de Hachette elle a créé un blog pour y répondre. 

Résolu pointe "les exigences capricieuses, obscures et sans cesse changeantes de Greenpeace", tandis que "ses affirmations deviennent la seule norme." L'entreprise réaffirme aussi son attachement aux "normes les plus élevées" et argue de ses "antécédents 

Depuis plusieurs années, les groupes environnementaux critiquent la gestion par Résolu des ressources forestières. En 2015, le label international de certification de développement durable de l'industrie forestière, FSC, avait dénoncé une campagne de dénigrement de Résolu à son encontre quand l'entreprise avait accusé Greenpeace d'avoir influencé la décision de l'organisme de priver Résolu de sa certification. Hachette adjure son fournisseur "à faire tout ce qui est en [son] pouvoir pour garder les certificats FSC qu'[il] détient au Canada".

>> Ci-dessous Greenpeace donne sa version des faits, résumée en vidéo

David Namias