BFMTV
Environnement

En Antarctique, des températures plus de 40°C au-dessus des normales de saison

Cette photo de la NASA obtenue le 29 mars 2020 montre des ondulations à la surface du glacier Denman, dans l'est de l'Antarctique, qui projettent des ombres sur la glace. Selon une nouvelle étude menée par des scientifiques du Jet Propulsion Laboratory de la NASA et de l'Université de Californie à Irvine, le glacier a reculé de 5,4 kilomètres entre 1996 et 2018.

Cette photo de la NASA obtenue le 29 mars 2020 montre des ondulations à la surface du glacier Denman, dans l'est de l'Antarctique, qui projettent des ombres sur la glace. Selon une nouvelle étude menée par des scientifiques du Jet Propulsion Laboratory de la NASA et de l'Université de Californie à Irvine, le glacier a reculé de 5,4 kilomètres entre 1996 et 2018. - Handout / NASA / AFP

Un phénomène totalement inédit qui inquiète les scientifiques. Pour l'heure, il est trop tôt pour établir un lien avec le dérèglement climatique.

Coup de chaud sur la région la plus froide du globe. À cette période de l'année, au cœur du Continent Blanc, les températures avoisinent généralement les - 50°C. Avec la fin de l'été austral, le mercure devrait chuter. Pourtant, la région est actuellement touchée par une vague de chaleur.

Le 18 mars dernier, la station de recherche franco-italienne de Concordia, située à 3200 mètres d'altitude, a enregistré un pic à - 11°C, soit un écart de 40 degrés par rapport aux normales de saison. Un phénomène qui était jusqu'alors quasiment inconcevable pour les scientifiques.

"Cette vague de chaleur dans l'Antarctique change ce que nous pensions possible pour la météo antarctique", écrit Jonathan Wille, chercheur à l'institut des géosciences de l'environnement à Grenoble, sur Twitter.

Rivière atmosphérique

Cette vague de chaleur inédite est due à ce que l'on appelle une rivière atmosphérique. Il s'agit d'un couloir chargé en vapeur d'eau transportée à très haute altitude, entre 5000 et 8000 mètres. Le mot "rivière" est utilisé pour exprimer l'idée de mouvement et de flux. Celle-ci a circulé depuis la Nouvelle-Zélande et l'Australie par l'océan austral, jusqu'à l'Antarctique.

Toutefois, la vapeur d'eau est un gaz à effet de serre. Ainsi, la masse d'air se retrouve emprisonnée par des pressions atmosphériques qui l'empêchent de se diluer. Se développe alors un dôme de chaleur dans lequel les températures au sol augmentent comme si le territoire était sous cloche.

Les pôles se réchauffent trois fois plus vite

"L'événement récent est probablement inédit de par son ampleur géographique, son extension vers l'intérieur, et son intensité", déplore Gaétan Haymes, ingénieur prévisionniste chez Météo-France. En effet, le littoral de l'Antarctique, où les températures sont plus douces, a également enregistré des records. Le thermomètre a grimpé jusqu’à 4,8°C sur la base française de Dumont-d’Urville.

"Les journées sans gel sont occasionnelles, mais elles ne s'étaient jamais produites après le 22 février (en 1991)", a noté sur Twitter Gaëtan Heymes, de Météo-France.

Pour l'heure, il est trop tôt pour établir un lien avec le dérèglement climatique. Toutefois, des phénomènes similaires pourraient s'intensifier à l'avenir, conséquence directe de l'activité humaine sur le globe.

Aujourd'hui, les pôles se réchauffent trois fois plus vite que le reste de la planète. Fin février, la banquise de l'Antarctique avait atteint sa superficie la plus petite enregistrée depuis 1979, avec moins de 2 millions de km², selon le centre de recherche National Snow and Ice Data Center.

Salomé Robles