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Comment reconstruit-on une forêt après un incendie ravageur?

Une photo montre des arbres brûlés après un incendie de forêt près de la ville d'Origne, dans le sud-ouest de la France, le 17 juillet 2022.

Une photo montre des arbres brûlés après un incendie de forêt près de la ville d'Origne, dans le sud-ouest de la France, le 17 juillet 2022. - Philippe LOPEZ / AFP

Après un feu de végétation, il faut attendre des décennies avant que la nature ne reprenne ses droits.

Dans le Gard, en Bretagne, dans d'autres pays européens comme la Grèce ou l'Espagne... Depuis plusieurs semaines, des incendies virulents ravagent des forêts entières, rendues extrêmement vulnérables par la sécheresse, les fortes températures et la faible hydrométrie. En Gironde, si aucune victime n'est à déplorer, les feux qui sévissent ont déjà détruit plus de 20.000 hectares de végétation.

Généralement, ces violents incendies laissent derrière eux un paysage noirci par les cendres. Mais que deviennent les forêts calcinées lorsque les feux sont finalement éteints?

Forêt "mosaïque"

La forêt de Bessèges, dans le Gard, a brûlé à plus de 80% au début du mois de juillet. Et l'heure est déjà à la reconstruction. "L'objectif est de reconstruire une forêt qui sera plus résistante aux feux de forêt", explique David Massa, responsable d'Unité Territoriale Cévennes-Cèze, à notre micro.

L'objectif: planter une "forêt mosaïque" en diversifiant les espèces de végétaux pour la rendre plus forte contre les incendies et favoriser la biodiversité. L'idée est également d'éviter le surplus de pins maritimes, trop vulnérables face aux flammes.

Dans le cas de la Gironde, "il faut rendre plus diverse la population des arbres, par exemples avec des chênes, des feuillus, qui brûlent moins vite et que l'on pourrait mettre autour des habitations par exemple", détaille François Pitrel, journaliste environnement à BFMTV.

"Laisser sa chance à la régénération"

En revanche, pour Églantine Goux-Cottin d'ICEF (Ingénieure Conseils en Environnement et Foresterie) si la plantation "mosaïque" est mieux qu'une monoculture, il faut, dans un premier temps, laisser la forêt se régénérer naturellement.

"Il n'y a pas mieux que la régénération naturelle pour avoir une forêt stable et résiliente face au changement climatique. Il est nécessaire de lui laisser le temps de se développer pour qu'elle reparte sur de bonnes bases", explique-t-elle à BFMTV.com.

Selon elle, il faut "laisser sa chance à la régénération" tout en assurant une protection de la zone afin que la forêt ne soit pas trop fréquentée et également pour éviter tout nouveau départ de feu, qui sont à 80% d'origine humaine.

Planter et enrichir "au bout de deux ou trois ans"

Un avis partagé par Jean-Louis Pestour, responsable national incendies de forêt à l'Office national des forêts (ONF). "Il faut prendre le temps de réfléchir en termes de reconstruction et d'aménagement de l'espace. Il faut d'abord expertiser la capacité de la nature à se régénérer", explique-t-il sur notre antenne.

"Au bout de deux ou trois ans de régénération naturelle, on voit si ça fonctionne et là on se pose la question de la plantation et de l'enrichissement avec de la diversification avec, par exemple, des pins d'Alep ou des chênes-lièges qui sont mieux adaptés et survivent mieux après un incendie de forêt", affirme Eglantine Goux-Cottin.

Entre 70 et 100 ans avant d'avoir une nouvelle forêt mature

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a annoncé un "grand chantier national" pour rebâtir la forêt en Gironde. "On va lancer tout de suite les travaux", a-t-il assuré pendant sa visite à la Teste-de-Buch.

Toutefois, après un feu, il faut attendre longtemps avant que la nature ne reprenne ses droits. "Le temps forestier est un temps long", explique Jean-Louis Pestour. "Au bout de dix ans, les arbres vont commencer à sortir", précise Églantine Goux-Cottin.

Ensuite, ce n'est qu'après une vingtaine d'années que l'on va retrouver une structure forestière sur les lieux de l'incendie. Enfin, pour avoir une forêt à maturité qui retrouve son aspect initial pré-feu, il faut attendre entre 70 et 100 ans.

Au-delà de la végétation, en parallèle de la reconstruction de la forêt, la faune va également mettre du temps à repeupler les lieux. D'abord, les insectes vont revenir pour se nourrir des bois morts. Leur présence va ensuite attirer les oiseaux, puis petit à petit les autres espèces sur plusieurs décennies.

Salomé Robles