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Climat

Maroc, Turquie... La liste des pays aux températures ayant dépassé les 50°C s'allonge

Le sol sec de Oued Tijekht dans le désert du Sahara marocain, près de la ville centrale de Tafraout au Maroc, le 25 avril 2023. (Photo d'illustration)

Le sol sec de Oued Tijekht dans le désert du Sahara marocain, près de la ville centrale de Tafraout au Maroc, le 25 avril 2023. (Photo d'illustration) - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Les épisodes de chaleurs intenses s'intensifient sous l'effet du dérèglement climatique. Plusieurs pays ont récemment franchi la barre symbolique des 50°C mesurés. Un événement bientôt "commun".

Le mois de juillet 2023 a été le plus chaud jamais mesuré sur Terre selon le dernier rapport de la Nasa daté du 14 août. Un début d'été plus chaud d'1,18°C de plus que la moyenne mesurée entre 1951 et 1980. Ce réchauffement très tangible du pourtour méditerranéen, entre autres, se matérialise par des records locaux.

La liste autrefois plutôt fermée des pays ayant dépassé les 50°C s'est abruptement étendue cette année, avec l'arrivée d'États comme le Maroc. Vendredi 11 août, le mercure d'Agadir a affiché jusqu'à 50,4°C, comme l'a indiqué la Direction générale de la météorologie, l'équivalent marocain de Météo-France.

Tout aussi récemment, Hassa, au sud de la Turquie, a franchi la barre lundi 14 août, avec 50.0°C, une donnée confirmée par la Direction générale de la météorologie turque. Le précédent record local était presque 1°C plus bas, avec 49.1°C recensés en 2021 à Cizre.

Une vingtaine de pays

Comme le rappelle l'observatoire Keraunos sur X (ex-Twitter), un peu plus d'une vingtaine de pays détiennent ce triste record:

"On compte un peu plus d'une vingtaine de pays où il a déjà fait 50°C ou plus (relevé fiable). A partir de 52°C, le 'club' devient très fermé avec seulement 8 pays. Enfin, deux ont déjà enregistré 54°C ou plus".

Parmi ces zones où l'air peut devenir vraiment étouffant, on compte par exemple les États-Unis, et plus particulièrement la Vallée de la mort où le thermomètre a affiché 53,3°C dimanche 16 juillet. La zone a déjà atteint la température la plus haute jamais enregistrée sur la planète, 56.7°C, le 10 juillet 1913, un record que les prévisionnistes pensaient voir battu cette année.

50°C en Europe

Une étude parue en juin dans la revue Nature a souligné qu'il aurait été "presque impossible" que la barre des 50°C soit franchie au Maroc sans un effet de dérèglement climatique. Or, cet événement auparavant considéré comme "extrêmement rare" deviendra "commun" d'ici la fin du siècle.

Toujours dans cette étude parue en mai 2023, on projette que "sous un réchauffement climatique supérieur à 2 degrés, des températures supérieures à 50°C seront enregistrées sur tous les continents sauf l'Antarctique".

"Même en Europe, la perspective de tels extrêmes est devenue plus palpable après que la température la plus élevée de 48,8 °C a été enregistrée en Sicile le 11 août 2021", pointent les auteurs.

Les auteurs de l'étude rappellent que ces "températures extrêmement élevées" vont devenir "plus répandues", plus "persistantes" et "potentiellement mortelles", pour toutes les populations mal adaptées aux défis du dérèglement climatique.

"L'ère de l'ébullition"

L'Homme n'est vraisemblablement pas au bout de ses peines. L'ère du réchauffement climatique est terminée et "l'ère de l'ébullition mondiale est arrivée", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, le 27 juillet dernier. Celui qui préconisait une réduction empêchant de franchir +1,5°C semble avoir changé d'ambitions et accepté que l'Homme n'irait pas en dessous.

"Il est encore possible de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C et d'éviter le pire du changement climatique, mais uniquement avec une action climatique immédiate et spectaculaire", a-t-il exhorté.

Le prochain sommet pour le climat, la COP 28 se tiendra à Dubaï aux Émirats arabes unis. Là-bas, le mercure a déjà atteint 55°C l'été. Une zone qui, si la montée des températures se poursuit, pourrait devenir "incompatible avec la survie humaine", comme l'a expliqué en 2021 Elfatih Eltahir, professeur d'hydrologie et climat au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Tom Kerkour