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Budget 2019: quand le pouvoir d'achat des salariés augmentera-t-il?

Dans son budget pour 2019, le gouvernement consent plusieurs milliards d'euros de baisses d'impôts pour les ménages. Les salariés sont les premiers bénéficiaires de ces choix fiscaux, mais aussi des économies réalisées sur les prestations sociales, notamment sur les retraites, qui sont redéployées "en faveur du travail".

Après l'investissement, le travail. L'année passée, lors de l'élaboration du budget 2018, le gouvernement voulait "libérer du capital pour l'économie", selon les mots à l'époque du ministre de l'Économie Bruno Le Maire. Les baisses d'impôts étaient alors concentrées sur le capital (création de l'IFI, instauration de la flat tax...). Les salariés ont dû faire preuve de patience, assumant dès le début d'année la hausse de la CSG alors que les cotisations chômage ne sont pas totalement supprimées.

Cette fois-ci, le budget 2019 a vocation à "libérer le travail". "C'est une question de philosophie politique", a insisté ce lundi matin Bruno Le Maire en conférence de presse. "Dans ce quinquennat le travail payera, c'est un des facteurs essentiels de la cohésion de la société française."

Pour cela, le gouvernement a fait le choix de bloquer la revalorisation des prestations sociales, essentiellement les retraites, à 0,3% pour "redéployer les moyens ainsi dégagés en faveur du travail". Ces économies vont notamment servir à financer la hausse de la prime d'activité et l'exonération de cotisations salariales sur les heures supplémentaires.

Les baisses d'impôts bénéficient surtout aux salariés

Le gouvernement a aussi décider de redonner du pouvoir d'achat aux ménages en leur accordant "la plus grande baisse d'impôts depuis la loi TEPA de 2007", a assuré ce lundi le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. Ce texte phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy contenait notamment la défiscalisation des heures supplémentaires.

Nouvelle baisse de la taxe d'habitation, baisse de la CSG pour 300.000 retraités, flat tax... au total 9,1 milliards d'euros de baisses d'impôts vont être consenties à l'ensemble des ménages en 2019. Sur ce montant, plus de la moitié concerne uniquement les salariés: 4,1 milliards d'euros pour la suppression pleine des cotisations salariales chômage et maladie (hausse de la CSG comprise), et 600 millions d'euros pour la "désocialisation" des heures supplémentaires.

Le gouvernement prévoit néanmoins des hausses de taxes de l'ordre de 3,1 milliards d'euros. Cela concerne la fiscalité sur le tabac et sur les carburants, ainsi qu'un recentrage du crédit d'impôt pour la transition énergétique, qui sera moins avantageux. En prenant en compte les hausses et les baisses, l'ensemble des Français bénéficieront au total de 6 milliards d'euros de baisses d'impôts nettes en 2019. Un calcul remis en cause par l'OFCE, dont le chiffrage s'élève à 3,5 milliards d'euros.

Octobre 2018: suppression des cotisations chômage

Le gouvernement a augmenté de 1,7 point la CSG au 1er janvier 2018 pour tous les Français. Pour les salariés, cette hausse de la fiscalité doit être compensée par la suppression des cotisations sociales maladie et chômage, prélevées sur le salaire brut. La première a déjà été effacée et la seconde, seulement abaissée jusqu'à maintenant, sera définitivement supprimée à partir du 1er octobre de cette année.

Au total, en prenant en compte la hausse de la CSG et la suppression des cotisations, les salariés du privé vont bénéficier d'un "gain net de pouvoir d’achat équivalent à 1,45% de salaire brut", selon le gouvernement. Pour un salarié payé 1500 euros brut, cela représente environ 22 euros en plus par mois.

Octobre 2018: hausse de la prime d'activité

La prime d'activité, versée aux travailleurs modestes (salarié ou fonctionnaire), fait l'objet chaque année d'une revalorisation en avril. Depuis cette année, le gouvernement a ajouté une autre bonification de 20 euros pour les salariés payés jusqu'à un SMIC.

Cette augmentation interviendra à partir du bulletin de paie d'octobre de cette année et sera renouvelée chaque année à la même époque jusqu'en 2021. En cumulé, ces revalorisations doivent atteindre 80 euros sur le quinquennat.

Le montant moyen de la prime d'activité s'élève à 159 euros par mois en 2017. Avec ces bonifications, le gouvernement espère inciter les bénéficiaires à travailler plus. Environ 2,6 millions de foyers perçoivent cette prime, dont près de 500.000 jeunes de 18 à 25 ans, étudiants ou apprentis.

Septembre 2019: heures supplémentaires exonérées

Toujours dans cet optique d'inciter les Français à travailler plus, le gouvernement va exonérer de cotisations salariales les heures supplémentaires à partir de septembre 2019. "Pour un salarié du secteur privé, cette mesure permettra dans le cas général un gain de pouvoir d’achat équivalent à 11,3%" du salaire brut perçu pour chaque heure supplémentaire, selon le chiffrage de Bercy.

Le ministère estime que près de 8 millions de salariés sont potentiellement concernés par cette mesure, qui peut leur faire gagner 200 euros par an en moyenne de pouvoir d'achat. Elle devrait davantage bénéficier au salarié moyen et aux ouvriers. Ces derniers étaient 66% à avoir effectué des heures supplémentaires en 2015, contre seulement 20% des cadres. Les fonctionnaires aussi peuvent en bénéficier, environ 1,2 million d'agents seraient potentiellement concernés.

Automne 2019: nouvelle baisse de la taxe d'habitation

Certes la mesure n'est pas directement centrée sur eux, mais les salariés vont également bénéficier du dégrèvement de la taxe d'habitation qui, au total, représente une baisse d'impôt de 3,8 milliards d'euros. Après 30% cette année, l'exonération sera de 65% en 2019 pour les 80% des ménages les moins aisés, soit 17 millions de foyers. La promesse de supprimer la taxe d'habitation pour 100% des Français en 2021 tient toujours.

Jean-Christophe Catalon