Hetty Green, la "sorcière de Wall Street" riche à millions mais à l'avarice légendaire

Première femme à conquérir Wall Street, c’était aussi la plus riche. Mais son mode de vie misérable lui a donné la réputation de femme la plus avare des États-Unis.

Voyez-vous cette femme vêtue d’haillons, se contentant d’eau froide et d’un porridge réchauffé au radiateur? Elle est pourtant à la tête de plusieurs millions de dollars. La frugalité d’Hetty Green, élue femme la plus avare du monde, fascine les foules.

"Ne donne rien à personne, ni même de la gentillesse", lui préconise son père, homme d’affaires. Cette phrase forge en Hetty, dès son plus jeune âge, une acuité financière hors norme. Dès six ans, Hetty plonge tête première dans le grand bain des finances. Elle ouvre son premier compte en banque seulement deux ans plus tard.

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À sa mort, son père lui lègue la somme de huit millions de dollars, auxquels s’ajoutent deux millions d’héritage de sa tante. Lorsque Hetty découvre des parts attribuées à des cousins éloignés, elle s’embarque dans d’interminables poursuites judiciaires à base de falsification de documents.

Les affaires avant tout

À la tête de dix millions de dollars, elle commence les spéculations en Bourse en investissant à contre-cycle. Concrètement, Hetty achète les actions à bas prix et les vend une fois devenues chères.

"Achetez des chapeaux en hiver quand personne n’en veut, et revendez-les au retour des beaux jours", telle est sa marque de fabrique.

Pour la reine de la Bourse, pas question de mettre tous ses œufs dans le même panier. Hetty acquiert des obligations d’État, des actions ferroviaires et de l’immobilier. Sa fortune s'épanouit, tout comme sa réputation d'économe.

C’est à cette période que Hetty Robinson devient Hetty Green. Son mariage avec l’homme d’affaires Edward Henry Green est un échec. Le train de vie déraisonnable du banquier, poursuivi par les créanciers, ne colle pas vraiment à l’avarice méthodique d’Hetty.

Douche froide lorsqu’elle découvre que son époux, avec l'aide de la banque, siphonne illicitement sa fortune pour épurer ses dettes. Elle le pousse hors de leur domicile. Exit Edward et, par la même occasion, les riches demeures.

Fin des années 1880: mode économie activé. Fini le chauffage, l’eau chaude et les frais médicaux. Bien qu’elle possède plusieurs immeubles, elle ne vit que dans de très modestes appartements à Brooklyn. Le pire et le meilleur exemple de sa pingrerie est celui de son fils, victime d'une fracture à la jambe. Face à une facture à 150 dollars, Hetty refuse de payer l’opération. Résultat? Une gangrène suivie d’une amputation forcée.

À bas les codes!

Une chose est sûre, Hetty se moque des conventions. À une époque où Wall Street exclut les femmes, elle s'installe seule dans un bureau à la Chemical Bank. Ce qui l’attire, ce sont les chemins de fer. Elle cible d'abord les firmes en déroute ou mineures, dans l’attente de fusions pour réhausser leur valeur.

Mais dans son élan, plusieurs adversaires tentent de la déstabiliser. Des spéculateurs déversent massivement des actions sur le marché. Il ne faut pas attendre longtemps pour avoir la riposte d’Hetty, alors âgée de 70 ans. Et comment? Par un corner qui raréfie les titres et fait monter les prix. De quoi finir en beauté.

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La fin de sa vie renforce encore un peu plus sa légende. Elle vit recluse dans ses petits appartements, se nourrit de porridge et s'habille constamment en noir, qui plus est après la mort de son mari en 1902, ce qui lui vaut le surnom de "sorcière de Wall Street".

Hetty Green décède à 81 ans, laissant derrière elle une fortune estimée à 100 millions de dollars, soit près de quatre milliards de dollars aujourd’hui. Plus qu'une richesse colossale, elle laisse un héritage de fascination et d'envie, face à des succès que beaucoup n'ont pu atteindre.

Romy Azoulay