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Economie

Quelle est la situation des autres pays européens face à la hausse des prix de l'électricité ?

Six mois après le début de la guerre en Ukraine, l'inflation se fait de plus en plus forte à travers l'Europe et est notamment nourrie par les prix de l'électricité. Cependant, les cas de figure varient d'un pays européen à l'autre tout comme les réactions apportées.

Partout en Europe, c'est du jamais-vu. Voilà plusieurs semaines que les prix de l'électricité atteignent des niveaux records dans les différents pays européens. Une hausse favorisée et entretenue par la guerre en Ukraine qui a investi le terrain économique avec des réductions voire même des suspensions de livraisons de gaz russe vers l'Occident.

S'ils sont tous sujets à cette inflation conséquente, les pays européens sont néanmoins exposés à des degrés différents à cette flambée des prix de l'électricité. De même, les mesures prises par les pouvoirs publics pour faire face au phénomène diffèrent également d'un voisin à l'autre. BFM Business passe en revue les multiples situations en Europe.

Une diminution de la consommation de 2% en Allemagne

En Allemagne, le prix de l'électricité sur le marché de gros a atteint 850 euros le mégawattheure pour le contrat à un an, ce qui représente une hausse hebdomadaire de 40%. Mercredi, le gouvernement allemand a adopté des règles pour diminuer la consommation d'électricité et également de gaz de 2% dans les administrations, les ménages et les entreprises. Parmi celles-ci, un chauffage au bureau sous la barre des 20 degrés, la fermeture des portes de magasins fermées et une extinction des éclairages publics la nuit.

Du côté de son voisin autrichien, la ville de Vienne a annoncé il y a quinze jours qu'elle renonçait aux illuminations sur sa principale avenue pendant les fêtes de fin d'année. De même, le marché de Noël de la capitale ne sera éclairé qu'une fois la nuit tombée, soit une heure plus tard qu'en temps normal. Cette mesure locale est survenue quelques jours après que l'Agence autrichienne de l'énergie ait fait part d'une hausse de 256% du prix de gros de l'électricité en un an.

L'Espagne et le Portugal relativement épargnés

Aux côtés des Pays-Bas, les deux pays germanophones font partie des premiers pays européens à avoir annoncé, dès mi-juin, leur recours accru au charbon pour réduire leur dépendance au gaz russe. L'Etat néerlandais ont récemment décidé de baisser la TVA sur l'électricité de 21 à 9% et d'accorder des réductions de taxe sur la base de la consommation à environ huit millions de ménages.

Entre-temps, la République tchèque, l'Italie, l'Espagne, la Hongrie et la Grèce se sont ajoutés à la liste mais avec de grandes disparités. En Italie, le prix de l'électricité sur le marché de gros dépasse également la barre des 700 euros le mégawattheure. Pour freiner l'ampleur de la hausse des prix, le pays envisage d'interdire aux compagnies toute modification des contrats de fourniture d'électricité. En Belgique, les médias s'inquiètent dorénavant de la possible envolée des factures pour les ménages cet hiver.

Une situation qui semble bien éloignée de celle observée sur la péninsule ibérique où le prix de l'électricité se situe ... juste au-dessus des 200 euros le mégawattheure. L'Espagne et le Portugal ont en effet été autorisés par l'Union européenne à plafonner le prix payé par les producteurs d’électricité pour l’achat du gaz.

Les pays baltes en difficulté, les pays nordiques volontaristes

Au début du mois, la Lettonie a intégré le groupe des pays vers lesquels Gazprom a suspendu ses livraisons de gaz, lequel comprend aussi la Pologne, la Bulgarie, la Finlande, le Danemark et les Pays-Bas. Pour combler la hausse des prix, la Pologne envisage de réduire les taxes sur l'énergie et de fournir des aides aux ménages. Dépendant du gaz russe, les pays baltes souffrent particulièrement de la situation. C'est le cas de la Lituanie qui n'est pas parvenue à obtenir auprès de l'Union européenne l'indexation du prix du marché de l'électricité sur l'inflation qui dépasse les 20%.

Bien que le prix de l'électricité au mégawattheure soit moins élevé chez eux que dans ceux d'Europe occidentale, les pays nordiques prennent également des mesures pour y faire face. La Norvège assume donc les factures des ménages à hauteur de 80% lorsque celles-ci dépassent un certain taux. Le gouvernement suédois a quant à lui annoncé une enveloppe de six milliards d'euros à destination des entreprises et des ménages.

La France préservée... provisoirement ?

De l'autre côté de la Manche, le régulateur britannique de l'énergie a annoncé vendredi une augmentation de 80% des prix de l'électricité dans un pays où ménages et entreprises sont largement exposés à cette hausse. Chez le voisin irlandais, le ministre de l'Environnement Eamon Ryan a évoqué mercredi une possible majoration des prix de l'électricité pendant les heures de pointe cet hiver dans une logique de lutte contre la surconsommation.

Cette mesure catégorique n'est pas sans rappeler celle à laquelle songent les autorités suisses: couper le courant pendant 4 heures, et ce plusieurs fois par jour l'hiver prochain. Près de deux tiers de l'électricité du pays provient en effet des importations depuis la France dont la production est en forte baisse.

Dans l'Hexagone justement, le maintien du "bouclier tarifaire" permet de limiter la hausse des factures d'électricité à 4% contre 45% sans ce dispositif. Antérieur à la guerre en Ukraine cet outil devrait ensuite céder sa place à des mesures plus ciblées à destination des ménages les plus modestes. Une transition qui pourrait se révéler insuffisante au regard des prix de gros de l'électricité qui atteignent désormais les 1000 euros le mégawattheure pour l'année prochaine.

Timothée Talbi