BFM Business
Economie

Pourquoi l'inflation est (enfin) bien partie pour baisser

L'inflation alimentaire a reflué en mai (photo d'illustration)

L'inflation alimentaire a reflué en mai (photo d'illustration) - Denis Charlet

Le pic inflationniste semble cette fois être dépassé. De l'énergie, à l'alimentaire en passant par les prix de production, tous les signaux sont au vert pour un recul de l'inflation qui devrait toutefois être lent.

Le pic inflationniste est-il enfin passé? Attendu depuis maintenant un an par le gouvernement (et les Français), le reflux de la hausse des prix a peut-être enfin commencé.

Selon la première estimation de l’Insee, la hausse des prix à la consommation sur 12 mois est effet passée de 5,9% en avril à 5,1% en mai. Ce n'est pas la première fois que l'inflation baisse ponctuellement depuis le début de cette flambée débutée fin 2021. En août et septembre 2022, l'inflation avait reculé avant de repartir fortement à la hausse l'automne et l'hiver suivant, jusqu'à atteindre un pic de 6,3% en février.

Mais, à la différence de la période actuelle, ces hausses étaient attendues. Le rebond des prix de l'énergie sur la fin d'année dernière et la contagion des hausses sur les produits de consommation étaient anticipée.

Franc reflux de l'inflation des prix de l'énergie

Cette fois, tous les signaux sont au vert, que ce soit en amont ou en aval. En amont tout d'abord, voilà des mois que les prix de la plupart des matières premières ainsi que ceux de l'énergie sont en recul. Or, ce sont eux qui alimentaient la hausse des prix à la consommation depuis un an.

Les prix de l'énergie ont cette fois franchement reflué en mai. Selon l'Insee, l'inflation sur les prix de l'énergie s'est établie à 2% en mai contre encore 6,8% en avril. Pour rappel, en mai 2022, la hausse des prix de l'énergie était de 27,8% (dont plus de 36% sur les carburants).

En aval ensuite. L'indice des prix des produits alimentaires vient de baisser pour la deuxième fois consécutive. Et dans des proportions assez sensibles. D'une hausse de 15,9% en mars sur un an, l'inflation alimentaire est tombée à 15% en avril et 14,1% ce mois de mai.

Si la hausse des produits frais a été plutôt stable (10,4% en mai contre 10,6% en avril), celle des autres catégories, comme l'épicerie par exemple, est passée de 15,8% à 14,8%. Le reflux sur des produits comme les œufs ou les huiles végétales est déjà sensible sur les produits de marque de distributeur. De plus, avec le retour des grands industriels à la table des négociations, on peut s'attendre à une accalmie voire quelques reculs de prix de certains produits de grandes marques.

"L’inflation devrait continuer sa tendance baissière à l’été et à l’automne 2023 du fait de tendances lourdes qui s’observent depuis plusieurs mois, comme la baisse du prix du gaz ou la chute de l’inflation sur les prix de production (prix sortie d’usine)", estime Sylvain Bersinger, économiste chez Asteres.

Du début à la fin de la chaîne de production, le reflux est donc bien visible, ce qui n'était pas le cas lors de la précédente baisse en trompe l'œil du taux d'inflation à l'été 2022.

Forte chute des prix de production

La hausse des prix de production qui avait atteint 28% en août dernier est en baisse régulière depuis. En avril, l'inflation mesurée par l'Insee était de 5% pour les produits sortis d'usine. Même les produits manufacturés, certes moins touchés par l'inflation jusqu'à présent, avec une inflation à 4,1% en mai contre 4,6% un mois plus tôt.

Pas d'inflation importée à craindre non plus dans les prochains mois puisque les indices de prix refluent chez la plupart de nos voisins comme en Espagne, en Allemagne ou en Italie.

Tous les signaux sont au vert, mais la décrue pour atteindre l'objectif de 2% du gouvernement devrait prendre encore du temps.

"La baisse de l’inflation sera un phénomène lent, confirme Sylvain Bersinger. Cela s’explique notamment par le décalage qui existe entre la variation du prix des matières premières et de l’inflation, le temps que ces variations de prix se diffusent à l’ensemble de la chaîne de valeur."

Sur l'alimentaire par exemple, l'indice des prix est certes en recul, mais reste avec 14,1% à un niveau élevé. Bruno Le Maire a d'ailleurs a remis la pression ce matin sur France Inter sur les industriels qui tardent à revenir à la table des négociations avec la grande distribution les menaçant d'une taxe sur leurs marges.

Enfin, c'est une période de désinflation que l'on va connaître et non de déflation. Autrement dit la hausse va freiner, mais les prix ne vont pas baisser dans l'ensemble. Ce qui est logique dans la mesure où les salaires ont aussi fortement augmenté en 2022 et en 2023. Or, ceux-ci ne baisseront évidemment pas et les coûts de production resteront plus élevés que leurs niveaux de 2021.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco