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Les Français continuent à puiser dans leur assurance vie

Les Français piochent dans leur assurance vie car ce placement ne rapporte plus suffisamment.

Les Français piochent dans leur assurance vie car ce placement ne rapporte plus suffisamment. - Pixabay

Cela fait maintenant cinq mois que les montants retirés des portefeuilles sont plus importants que les sommes versées.

Malgré une épargne toujours plus importante (100 milliards d'euros attendus en fin d'année), les assurances-vie se vident. Depuis le mois de mars, on observe en effet un large mouvement de désaffection touchant le deuxième placement préféré des Français (après le Livret A).

Le mois de juillet n'échappe à la règle, les montants retirés par les épargnants ayant excédé les dépôts à hauteur de 500 millions d'euros environ, a annoncé mardi la fédération du secteur. Il s'agit du cinquième mois consécutif de décollecte.

Concrètement, en juillet, les épargnants français ont déposé 10,4 milliards d'euros sur ce placement phare en France, soit un peu plus que les 9,9 milliards recensés en juin, mais bien moins que les 13,4 milliards du mois de juillet 2019, comme le montrent des chiffres provisoires dévoilés par la Fédération française de l'assurance (FFA).

À l'inverse, les sommes retirées ont atteint 10,9 milliards, contre 10,5 milliards en juin et 11,1 milliards en juillet 2019.

Risque sur l'investissement

Juillet s'est ainsi soldé pour le marché français de l'assurance vie par une décollecte nette, de l'ordre de 500 millions d'euros environ. Le mouvement semble toutefois en phase de ralentissement: en juin, la décollecte nette avait atteint 700 millions d'euros, contre environ deux milliards chaque mois en mars, avril et mai.

Cette décollecte massive ne semble malheureusement (pas encore) fléchée vers la consommation et assèche l'investissement.

"Tous les milliards qui sortent, corrélativement ce sont des milliards qui ne sont pas investis dans les entreprises. (...) S'il y a moins d'actifs, il y a moins d'investissements aussi. C'est une très mauvaise nouvelle pour l'économie", estimait en juillet dernier Florence Lustman, présidente de la fédération.

D'après les chiffres publiés par la FFA, les placements dits "en euros" semblent être les plus touchés. Très prisé des épargnants il y a encore quelques années, ce type de support dont le capital est garanti est de moins en moins rémunérateur dans un contexte de taux très bas voire négatifs. Beaucoup d'assureurs cherchent de toute façon à réduire dans leur portefeuille la part de ces contrats très coûteux en capitaux réglementaires.

L'ouverture de contrats en fonds euros désormais quasi-impossible

Certaines banques n'autorisent ainsi plus d'ouverture de contrats en fonds euros ou seulement s'ils sont associés à des unités de compte, plus risquées car indexées sur les marchés boursiers ou obligataires et sans capital garanti.

D'ailleurs, la proportion d'épargne collectée sur ces supports a continué à grossir et représentent depuis le début de l'année 35 % des cotisations.

Au total, depuis janvier, le montant des cotisations collectées par les sociétés d'assurance a représenté 64,7 milliards, contre 87,4 milliards d'euros sur la même période en 2019. Les versements sur les supports unités de compte ont atteint 22,5 milliards d'euros. Fin juillet, l'encours d'épargne investie sur le marché français de l'assurance vie s'élevait à 1.766 milliards d'euros.

Olivier Chicheportiche avec AFP