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L'assurance-vie en fonds euros rapportera à peine plus que le Livret A cette année

Les rendements en assurance-vie ne cessent de baisser

Les rendements en assurance-vie ne cessent de baisser - -

Alors que les rendements des fonds euros plongent, les épargnants sont de plus en plus incités par les assureurs à prendre davantage de risques.

Le plongeon se poursuit. Les fonds euros des assurances-vie devraient afficher un rendement famélique cette année : entre 1% et 1,10% net de frais de gestion en 2020, selon les estimations de Facts & Figure relayées par Les Echos. C'est cinq fois moins qu'il y a 20 ans et encore trois fois moins qu'il y a 10 ans.

L'an passé, des assureurs comme Generali ou Swiss Life avaient marqué les esprits en annonçant qu'ils serviraient un rendement de seulement 1%, toujours net de frais, sur les fonds euros au titre de l'année 2019. Mais il devrait désormais s'agir de la nouvelle norme sur le marché. Facts & Figure s'attend même à ce que le taux servi atteigne "un plancher de 0,5 à 0,7% d'ici deux à trois ans", confie Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet, au quotidien économique.

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Les raisons sont connues. Avec la politique très accommodante des banques centrales, et en particulier de la Banque centrale européenne (BCE), les taux d'intérêt des obligations d'Etat n'ont cessé de baisser, pour virer parfois en territoire négatif. Par exemple, l'OAT 10 ans de la France se négocie actuellement à environ -0,20%. Autrement dit, les investisseurs paient la France pour pouvoir acheter sa dette et placer leur argent dans un placement réputé sûr à horizon 10 ans. Le même mouvement s'opère pour les crédits accordés aux entreprises. Or, les assureurs misent sur les obligations des Etats et des entreprises pour leurs fonds euros. Les baisses de taux se répercutent donc mécaniquement sur les rendements de ces produits.

Encore quelques marges pour les assureurs

Certes, les assureurs ont encore des marges de manoeuvre. Ils disposent notamment de ce qu'on appelle des provisions pour participation aux bénéfices (PBB). Il s'agit de réserves mises de côté et dans lesquelles les assureurs peuvent piocher pour compenser les années de vaches maigres et augmenter ainsi les rendements servis. Fin 2018, le niveau moyen de PPB, selon les calculs de Cyrille Chartier-Kastler, également fondateur de Good Value for Money, atteignait 3,90% des actifs sous gestion. En 2019, il devait se situer dans une fourchette de 4,30% à 4,50%, selon l'expert. Précision utile: ces réserves appartiennent aux assurés et doivent leur être restituées dans un délai maximum de 8 ans. Mais si les assureurs peuvent donc gonfler leur rendement, la baisse de rentabilité reste structurelle.

Face à ces rendements en berne, l'attrait du premier placement financier des Français (1.766 milliards d'euros d'encours à fin juin) s'effrite. Sur les six premiers mois de l'année, la collecte nette, autrement dit l'argent placé (les cotisations) moins les retraits (les rachats), s'établit à -4,7 milliards d'euros selon la Fédération française de l'assurance. Inversement, le Livret A se porte très bien. Selon les dernières données dévoilées ce vendredi par la Caisse des dépôts, la collecte nette sur ce placement a encore atteint 1,85 milliard d'euros en juillet. Et depuis le début de l'année, les dépôts dépassent les retraits de 22,25 milliards d'euros. Un niveau qui n'a été dépassé à cette période de l'année qu'en 2012. La tendance est la même pour son cousin le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Et fin juillet, les encours de ces deux placements représentaient la bagatelle de 439,5 milliards d'euros.

Des intérêts exonérés d'impôt

Pour rappel, le Livret A et le LDDS servent un rendement garanti de 0,5% par an. Soit à peine moins que l'assurance-vie. D'autant que lors du rachat (lorsque l'épargnant veut récupérer tout ou partie de sa mise), les revenus tirés de l'assurance-vie (correspondant aux versements réalisés depuis le 27 septembre 2017) sont soumis à l'impôt sur le revenu (IR) ou au prélèvement forfaitaire unique (PFU). S'y ajoutent également les prélèvements sociaux. La fiscalité dépend aussi de la durée de détention de l'assurance-vie au moment du rachat.

Les intérêts du Livret A, eux, sont totalement exonérés d'impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Ce placement possède également un autre avantage : sa totale liquidité et la possibilité de retirer ou de déposer de l'argent immédiatement. En revanche, le Livret A est plafonné à 22.950 euros, ce qui n'est pas le cas de l'assurance-vie.

Les épargnants sont de toute façon de plus en plus incités à se détourner des contrats 100% en fonds euros pour investir dans des assurances-vie multi-supports avec des unités de compte (actions, sicav, SCPI…). Schématiquement, les assureurs proposent par ce biais des rendements plus intéressants mais l'épargnant doit prendre le risque de perdre potentiellement une partie de sa mise. Mais les ménages sont encore réticents. Depuis le début de l'année, les versements sur les supports en unités de compte n'ont représenté que 35% des cotisations.

https://twitter.com/jl_delloro Jean-Louis Dell'Oro Rédacteur en chef adjoint BFM Éco