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Pas de coquilles Saint-Jacques des Glénan à cause de la prolifération du poulpe

Pour les spécialistes, il est impensable de revoir des coquilles Saint-Jacques dans les eaux de l'archipel finistérien tant que le céphalopode y sera présent.

Il y en a un qui ne doit pas avoir que des amis du côté des dragueurs de coquillage des Glénan (Finistère). La campagne de pêche de la coquille Saint-Jacques a été annulée pour la deuxième année consécutive en raison de la prolifération d'une espèce de poulpe particulièrement vorace dans le secteur.

Arrivé en quantité depuis des mois sur les rivages finistériens, alors qu'on ne l'avait plus vu depuis les années 1960, le céphalopode s'est révélé être un véritable prédateur pour la coquille. La décision était attendue par les pêcheurs mais un bateau avait tout de même sondé les fonds et les stocks dans l'espoir de ressources suffisantes. En vain, 90% de la population a été tuée par les poulpes.

Seulement quelques tonnes

"Le gisement est complètement anéanti", souffle auprès de BFMTV Frédéric Louedec, pécheur ayant été contraint de changer de port d'attache. "L'année dernière, il n'y a presque pas eu de pêche de coquilles Saint-Jacques. On a fermé la saison très tôt, souligne Julien Dubreuil, secrétaire général adjoint du comté régional des pêches de Bretagne. Cette année, il n'y aura pas d'ouverture du gisement."

Outre les deux dernières campagnes, les dragueurs de coquille des Glénan ont connu plusieurs années compliquées en raison d'une bactérie relevée dans l’archipel et d'un autre prédateur glouton, l'étoile de mer. En 2021, seulement quelques tonnes avaient été pêchées contre 100 tonnes en temps normal.

RMC chez vous : La prolifération du poulpe sur la côte atlantique - 06/01 - 7h09
RMC chez vous : La prolifération du poulpe sur la côte atlantique - 06/01 - 7h09
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Pour déguster le précieux mets lors des fêtes de Noël, les consommateurs bretons devront se tourner vers la coquille de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), où les stocks abondent toujours.

Reconversion

Pour les spécialistes, il est impensable de revoir des coquilles Saint-Jacques dans les eaux de l'archipel finistérien tant que le céphalopode sera présent. Deux types de régulations sont possibles. "Les poulpes n'auront plus assez de nourriture pour sustenter la densité de population actuelle, observe Julien Dubreuil. Il y a aussi la régulation par pêche car cela reste une espèce convoitée avec une valeur marchande assez importante".

Ainsi, certaines industries de pêche se sont ainsi reconverties dans le poulpe. Baptiste Le Bourg, chercheur à la station marine de Concarneau, déclare ainsi auprès de France Bleu que l'arrivée du poulpe coïncide avec une augmentation de "l'activité de pêche au niveau des Glénan". Depuis le 1er septembre 2023, il est obligatoire dans le Finistère d'obtenir une licence pour pêcher le poulpe.

Théodore Laurent