Omicron : "ajuster" les règles d'isolement ou comment lutter contre l'épidémie tout en préservant l'économie?

Le gouvernement va revoir les règles d’isolement pour les personnes testées positives au Covid-19 comme pour les cas contact. Une décision qui peut paraitre contre-intuitive mais doit permettre un savant dosage entre lutte contre Omicron et protection de l'économie.

Éviter à tout prix une paralysie de l'économie du pays. C'est l'objectif de "l'ajustement" des règles d'isolement pour les personnes positives au Covid-19 et pour les cas contacts qui a été annoncé ce soir par le Premier ministre Jean Castex, à la suite d’un conseil de défense et d'un conseil des ministres qui se sont tenus cet après-midi. Les modalités des nouvelles règles doivent être annoncées à la fin de la semaine.

Alors que le nombre de contaminations a atteint un niveau record ce week-end, les entreprises font face à l'explosion de l'absentéisme. Avec une moyenne de plus de 72.000 cas par jour ce lundi soir et l’éventualité de 250.000 cas jour d’ici début janvier, la contagiosité élevée d’Omicron amène une multiplication exponentielle des personnes touchées, sans parler des cas contacts, ce qui à terme peut déséquilibrer l’économie durablement.

Rien qu'en l'espace de six semaines, les arrêts de travail ont été multipliés par 7, du jamais vu. Une situation, qui sur un mois, pourrait faire baisser la croissance économique de 0,1% à 0,2%. Petites ou grandes entreprises, certains secteurs d'activités sont déjà touchés de plein fouet par cet absentéisme. Jean-François Sciberras, membre du cercle des DRH européens cite notamment les secteurs du spectacle et du transport aérien. La restauration est également impactée.

Jusqu'à 17 jours d'isolement actuellement

Si le gouvernement n’annoncera qu’en fin de semaine la nouvelle durée d’isolement, cette dernière devrait vraisemblablement être inférieure aux règles très strictes jusqu’à présent en vigueur.

Un cas positif doit s'isoler pendant 10 jours et pour les cas contacts vivant au domicile d'une personne contaminée à Omicron, cet isolement monte à 17 jours. Des règles d'isolement qui peuvent facilement mettre dans le rouge les entreprises les plus petites, "une catastrophe pour les PME" indique Benoît Serre, le vice-président de l'association nationale des DRH sur BFMTV

"Les choses vont se compliquer très rapidement", résume Jean-François Sciberras, membre du cercle des DRH européens.

Pour Jean-François Sciberras, "les choses vont se compliquer très rapidement" dans le courant du mois de janvier.

"Les entreprises savent fonctionner avec un certain pourcentage d'absentéisme mais on ne sait pas jusqu'à combien", poursuit-il.

La réduction des délais d'isolement: l'unique solution ?

Le gouvernement est donc sur une ligne de crête: lutter contre l'épidémie et surtout la croissance galopante des cas due au variant Omicron tout en préservant l'activité économique. Assouplir les délais d'isolement pour les cas contacts en particulier pourrait permettre de poursuivre l'activité dans des secteurs, dans certaines entreprises notamment où le télétravail est impossible. Et éviter de mettre des sociétés ou des services totalement à l'arrêt.

Du point de vue des entreprises, réduire ce délai d'isolement est le seul levier pour faire diminuer l'absentéisme des salariés. Interrogé sur un report de la rentrée, une autre piste sur la table du conseil de défense finalement écartée, Benoît Serre estime que ce n'est pas la solution, les salariés devant s'absenter pour garder leurs enfants.

Cet assouplissement n'est pas forcément du goût des épidémiologistes. Au contraire, pour les scientifiques, il faudrait plutôt durcir les règles d'isolement. Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses au CHU de Grenoble explique "sur le plan sanitaire c'est très clair, il faut mettre toutes les conditions pour qu'aucun porteur ne soit en contact avec un récepteur".

Le Haut Conseil de la Santé publique doit rendre ses recommandations. "Les caractéristiques d'Omicron vont nous conduire, après avis des autorités sanitaires, à ajuster notre doctrine sur la durée d'isolement", a précisé le Premier ministre.

Plusieurs autres annonces ont été faites ce lundi, notamment trois jours de télétravail obligatoire, des jauges pour les grands évènements ou encore la fin de la consommation debout dans les bars et cafés dès le 3 janvier.

Par Julien Rizzo