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Ces restaurants contraints de fermer pendant les fêtes par manque de clients et de personnel

De nombreux restaurants ont été contraints de fermer pour le Réveillon de Noël faute de touristes et par manque d'effectifs. Les restrictions sanitaires incitent déjà certains à ne pas ouvrir pour la Saint Sylvestre.

Les fêtes de fin d'année n'en seront pas pour les restaurateurs français. Pris en étau entre le manque de clients et de personnel, ils ont été nombreux à ne pas ouvrir pour le réveillon de Noël. Et pour celui du jour de l'an, de plus en plus d'établissements, qui ne pourront être ouverts toute la nuit comme à l'accoutumée et ne pourront pas laisser danser leurs clients, envisagent de ne pas ouvrir. Sans compter les clients qui ne veulent pas prendre de risques et annulent leur venue.

"On avait beaucoup de réservations (pour le réveillon) et on vient de perdre 50% de nos réservations. J'étais complet, je ne le suis plus", déclarait mercredi Thierry Marx sur BFM Business.

"Des pertes sèches"

Même décision pour Stéphane Manigold, président du groupe Eclore. Pour le réveillon de Noël, le restaurateur a préféré ne pas ouvrir ses six établissements.

"Il n'y avait aucun intérêt à rester ouvert. Les clients étrangers ne sont pas là. Ces absences créent des pertes sèches de nos chiffre d'affaires, des annulations en pagaille pour les fêtes. Il y a eu en plus des collaborateurs qui ne viennent pas parce qu'ils sont malades ou cas contact", a expliqué sur BFM Business Stéphane Manigold.

Le restaurateur ne dit pas s'il ouvrira pour le réveillon du jour de l'an, mais déjà, plusieurs de ses confrères annoncent des fermetures jusqu'à début janvier. A Paris, le restaurant Le Servan annonce par exemple sur Instagram ce lundi sa décision de fermer jusqu'au 10 janvier.

Une baisse de 30% de la fréquentation par rapport à 2019

A ce stade, impossible de déterminer le nombre d'établissements qui n'ouvriront pas pour le réveillon du jour de l'an. Jeudi 23 décembre, l'Umih (Union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie) a lancé une étude pour évaluer l'impact des restrictions sanitaires sur l'activité des restaurateurs sur les mois de novembre et décembre 2021. Selon l'Umih Île-de-France, cité par France Bleu, la fréquentation pourrait baisser de 30% en moyenne par rapport au mois de décembre 2019. Une réunion avec le gouvernement se tiendra au début du mois de janvier.

"Les restaurateurs ne bénéficient plus d'aides puisqu’ils ne sont pas contraints de fermer, nous explique Bercy. Cette étude que nous présenterons au gouvernement dès janvier vise à démontrer que ces restrictions entraînent de fortes baisses", explique à BFM Business, une porte-parole de l'Umih.

Repousser les échéances des PGE

La situation inquiète d'autant plus que les restaurateurs devront commencer à rembourser en mars 2022 le Prêt garanti par l'État (PGE) qu'ils ont obtenu pour éviter des fermetures définitives et le licenciement du personnel.

"Tous les restaurants sont touchés par ce retour de la crise sanitaire", a déclaré Franck Delvau, président de l'Umih en Île-de-France, à France Bleu Paris. Il propose de "repousser les échéances des PGE à 2023 et de les étaler sur dix ans".

Cette demande est appuyée par des restaurateurs, parmi lesquels Stéphane Manigold. Pour lui, le PGE est un "mur de dettes" qui, pour être être remboursé, nécessitera une douzaine d'année.

"On nous a imposé une fermeture en nous disant qu'il fallait emprunter pour faire face à une pénurie de chiffre d'affaires. Nous nous sommes endettés pour faire face aux frais fixes. On nous dit maintenant qu'il faut rembourser. Je dis non! Si l'Etat remboursera la dette Covid en 20 ou 30 ans, je ne vois pas comment on pourrait rembourser en quelques mois", alerte Stéphane Manigold.

A défaut d'un report des échéances du remboursement du PGE, les professionnels réclament de nouvelles aides et une réactivation de fonds de solidarité pour éviter les faillites qui, selon l'Umih, "risquent d'arriver en nombre".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco