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Malgré l'inflation record, le chiffre d'affaires de Casino recule de 2,3% en France

Casino s'effondre encore en Bourse

Casino s'effondre encore en Bourse - Casino

En difficulté financière, le groupe de distribution est plus cher que ses concurrents et perd des clients.

Casino a fait état jeudi d'une hausse de 1% de son chiffre d'affaires au premier trimestre, évoquant un contexte resté plus difficile dans ses supermarchés et hypermarchés où des mesures de réajustement des prix ont été réalisées.

Le groupe indique dans un communiqué avoir dégagé un chiffre d'affaires de 5,4 milliards d'euros sur le trimestre principalement tiré par une hausse des ventes de 9,5% en Amérique latine.

Les ventes du distributeur Casino ont baissé de 2,3% en France au premier trimestre 2023, une mauvaise performance dans un contexte d'inflation qui gonfle les ventes de la grande distribution, et le groupe a annoncé jeudi avoir sensiblement baissé ses prix pour attirer les clients.

Car en France le distributeur traverse une passe très difficile. Les revenus dans l'Hexagone sont en recul de 2,3% (et même 4,6% à périmètre comparable) sur le premier trimestre par rapport à il y a un an et ce malgré une inflation qui bat des records avec une hausse moyenne des prix supérieure à 15% en grande distribution.

En difficulté financière, le groupe n'a pas pu comme certains de ses concurrents limiter la hausse des prix en compressant ses marges et a perdu des clients ces derniers mois. Casino a annoncé jeudi avoir sensiblement baissé ses prix pour attirer les clients.

Des baisses de prix trop tardives?

L'expert en consommation Olivier Dauvers dit sur son blog "le Web Grande Conso" voir dans ces résultats la "conséquence principalement" d'une politique "tarifaire 2022 qui a laissé des traces", en d'autres termes d'un positionnement prix plus élevé que la concurrence, alors que les clients, en période d'inflation, sont d'autant plus attentifs à leur ticket de caisse.

Dans le détail, Monoprix et Franprix, enseignes de proximité et de centre-ville du groupe Casino notamment présentes en Ile-de-France, ont vu leurs ventes progresser sur un an respectivement de 0,6% et 6,3% sur le trimestre, mais les supermarchés et hypermarchés Casino ont eux enregistré "un nouveau trimestre difficile", reconnaît le groupe.

Il explique y avoir répondu en amorçant "dès le mois de décembre une campagne substantielle de baisse de prix", "de l'ordre de 5 à 10%" suivant les magasins, et qui "s'est intensifiée sur la fin du premier trimestre".

Le bénéfice brut d'exploitation (Ebitda), un indicateur de la rentabilité de l'activité du groupe, est toujours orienté à la baisse - 204 millions d'euros au premier trimestre 2023 contre 282 un an plus tôt - notamment en France. L'objectif est "d'arrêter cette baisse dès que possible", a indiqué le directeur financier du groupe David Lubek jeudi lors d'une visioconférence de presse.

Il a précisé que la dette nette du groupe était restée stable à fin mars par rapport à fin 2022, à 4,5 milliards d'euros, malgré la cession d'une participation de 18,8% dans l'enseigne brésilienne Assai - qui n'est plus consolidée dans les activités de Casino depuis mars.

David Lubek n'a en revanche pas commenté les déclarations du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky la veille dans l'hebdomadaire Le Point.

"Nous avons des éléments qui montrent en toute objectivité que la situation financière (du groupe) n'est plus tenable sans une intervention rapide", y a expliqué celui qui est deuxième actionnaire de Casino, derrière les sociétés du PDG Jean-Charles Naouri. "Notre offre n'est pas hostile", a-t-il précisé.

Le 24 avril, Daniel Kretinsky avait proposé à Casino d'injecter 750 millions d'euros via une augmentation de capital réservée de plus d'1 miliard d'euros au total, qui entraînerait, si elle était menée à son terme, la perte de contrôle du groupe par Jean-Charles Naouri.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco