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Lidl et Aldi: pourquoi les enseignes qui subissent le plus l'inflation gagnent le plus de clients

Lidl et Aldi ont gagné 0,3 point de part de marché en août.

Lidl et Aldi ont gagné 0,3 point de part de marché en août. - Aldi/Lidl

Les deux discounteurs gagnent des parts de marché depuis plusieurs mois alors que c'est dans ce circuit de distribution que les prix ont le plus augmenté depuis un an.

Plus c'est cher, plus ça vend? C'est le paradoxe apparent des enseignes de discount depuis le début de la poussée inflationniste en grande distribution. Lidl et Aldi sont en effet les deux enseignes qui tirent leur épingle du jeu depuis quelques mois.

Sur la période P9 (le mois d'août), les deux discounteurs ont enregistré selon Kantar les plus forts gains de part de marché. +0,3 point pour Lidl à 7,8% de part de marché sur l'ensemble de la distribution alimentaire. Même gain pour son concurrent Aldi qui atteint lui les 2,7% sur la période.

Le premier continue d'attirer "des clients plus nombreux qui réalisent des paniers plus importants, explique le panéliste. La cote d’amour de Lidl continue d’augmenter."

Pour rappel, Michel Biero, le responsable de Lidl en France assure qu'en 2021 son enseigne a attiré 1 million de nouveaux clients et encore 400.000 sur la première partie de 2022.

Le second poursuit sa percée dans l'Hexagone avec 440.000 nouveaux clients sur la période selon Kantar.

+8,7% en août

Si ces enseignes sont les grandes gagnantes (avec E. Leclerc) de cette période inflationniste, elles sont aussi celles qui la subissent le plus. En août, alors que l'inflation atteignait 7,9% dans l'ensemble des circuits de grande distribution, les enseignes dites à dominantes marques propres (la catégorie qui englobe Aldi et Lidl) étaient celles qui subissaient la plus forte hausse. Une hausse plus forte qui s'explique par le poids plus importants des matières premières dans le prix final pour les produits à marque propre que pour ceux des grandes marques. Selon Iri, la hausse moyenne des prix atteignait 8,7% dans ces enseignes contre 7,95% dans les supermarchés et 7,7% dans les hypermarchés.

Comment expliquer un tel attrait pour des enseignes plus sujettes à l'inflation? D'abord parce que même en hausse plus soutenue, les prix des enseignes de discount restent globalement plus avantageux que ceux des grandes enseignes de supermarché. Ce que d'ailleurs confirme l'étude mensuelle de Kantar qui place Lidl, Aldi et E. Leclerc sur le podium de l'image-prix des enseignes, à savoir celles que les consommateurs jugent comme étant les moins chères.

Une autre explication de ce "ruissellement" des enseignes classiques vers les discounteurs est à rechercher du côté de l'évolution des prix par catégories de produits. Si effectivement, les prix dans les Carrefour, Auchan et autres Intermarché augmentent globalement moins que chez Lidl et Aldi, c'est surtout grâce aux marques nationales. Ces dernières n'ont augmenté "que" de 6,8% en août.

A l'inverse, les marques de distributeurs classiques (+10,7%) et surtout les premiers prix (+12,9%) flambaient bien plus que les produits vendus chez les discounteurs. Les clients les moins aisés qui sont sur-consommateurs de ces produits premiers prix ont donc davantage subi de hausse de prix que les clients discounteurs. D'où cet attrait croissant pour ce circuit depuis quelques mois.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco