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Les "chariots mystère", ces opérations commerciales qui enflamment les clients d'Auchan

Depuis plusieurs mois, des dizaines d'hypermarchés Auchan mettent en vente des chariots de produits invendus à prix cassés. Le client achète le tout sans savoir ce qu'il y a dedans et sans possibilité de reprise ou d'échange.

Une pochette surprise mais pour les grands. C'est ce que rappellent les opérations "chariots mystère" qui se multiplient dans les magasins Auchan depuis plusieurs mois.

Le concept : mettre en vente des chariots de produits invendus, l'ensemble étant recouvert d'un film plastique opaque. Le client achète cette sélection de produits sans savoir ce qu'il y a dans le chariot mais en les payant au tiers de leur prix initial. Et Il est informé que le contenu de ce chariot mystère ne sera ni repris ni échangé.

Largement relayés sur les réseaux sociaux, ces opérations suscitent un engouement hors-norme. La semaine dernière, la vidéo du magasin Auchan de Bagnolet consacrée à cette opération "caddie mystère" a été vue plus de 1,8 million de fois en cinq jours à peine sur TikTok. Depuis octobre dernier, quelque 45 magasins Auchan ont organisé des opérations similaires.

C'est l'hypermarché de Dieppe en Seine-Maritime qui a inventé le concept en octobre dernier. "Nous étions en réunion avec les managers et nous cherchions une idée pour relancer les ventes, une petite innovation commerciale", raconte Jérémie Juan, le directeur de l'hypermarché normand. "Une salariée nous a parlé d'une émission américaine qu'elle avait vue (Enchères à tout prix, NDLR) dans laquelle ils vendent des conteneurs mystère. On s'est dit qu'on pouvait faire ça avec des chariots."

Une idée tellement simple qu'il est même surprenant que personne ne l'ait eu avant. Les équipes du magasin ont donc préparé une vingtaine de chariots de produits invendus (jouets, couettes, services de tables, petit électroménager...) et les ont proposés avec un rabais de 66%. Leur prix de vente va de 50 à 150 euros.

"Lorsqu'on a annoncé l'opération sur Facebook, on a eu plus de 200 messages en 30 minutes, principalement des gens qui voulaient commander", explique Jérémie Juan. "On a immédiatement compris que ça décollait et on a mis 20 chariots de plus pour ne pas faire de déçus."

"Les gens couraient dans le magasin"

Ce sera même insuffisant puisque la quarantaine de chariots partira dès l'ouverture du magasin.

"Les gens couraient partout dans le magasin, on n'avait plus vu un engouement pareil depuis la grande époque des soldes", confie Jérémie Juan.

L'hypermarché renouvelle l'opération les deux week-ends suivants et monte jusqu'à 100 chariots mystère le même samedi. À l'approche de Noël, des chariots remplis de jouets provoquent une nouvelle cohue.

"Nous avons même fait de l'alimentaire avec des chariots remplis de Coca-Cola, de soins pour bébés ou de biscuits mais avec des rabais moins importants de 34% pour respecter la loi Egalim", explique le directeur de l'hypermarché. "Là aussi tout est rapidement parti."

A ce jour, ce sont 500 chariots qui ont été vendus par l'hypermarché normand. Plusieurs dizaines de milliers d'euros d'invendus ont été écoulés par ce seul magasin. Le magasin essaie maintenant d'espacer ces opérations dans le temps pour qu'elles conservent leur caractère exceptionnel.

Une opération qui surfe habilement sur les tendances en vogue dans le commerce depuis plusieurs années et qui font le succès des enseignes de "soft discount" comme Action, Noz ou encore B&M. Les clients semblent conquis par le côté surprise "caverne d'Alibaba", l'impression de faire une bonne affaire avec un rabais important et la dimension événementielle et ludique qui rompt la monotonie des courses. Cette formule gagnante devrait faire des émules dans les prochains mois.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco