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La fin de la commandite actée chez Lagardère

Le conseil de surveillance "accueille favorablement" le projet de transformation en société anonyme qui devrait être présidée par Arnaud Lagardère durant six ans.

Le changement est acté chez Lagardère. Ce mercredi, le conseil de surveillance du groupe avait accueilli favorablement la proposition de soumettre à l'assemblée générale du 30 juin prochain un projet de transformation de la société en Société Anonyme.

Finie donc la gouvernance en commandite exercée par Arnaud Lagardère et uen forme de contrôle absolue sur le groupe hérité de son père. Arnaud Lagardère ne pouvait pas par exemple être démis de ses fonctions par ses actionnaires sous cette forme de gouvernance.

Un accord entre les principaux actionnaires

Cette décison marque une étape importante dans l'histoire du groupe puisqu'elle met fin à des mois de lutte entre actionnaires - à savoir Arnaud Lagardère, Bernard Arnault (Groupe Arnault), Vincent Bolloré (Vivendi) le premier actionnaire du Groupe Lagardère et Joseph Oughourlian (Amber Capital). Ces derniers sont parvenus à un accord et "se sont engagés en faveur de l'opération" lors de l'AG du 30 juin.

Arnaud Lagardère s'opposait depuis des années à plusieurs de ses actionnaires sur la gouvernance de son groupe. La fin de la commandite avait notamment été demandée par le fond Amber Capital. Lagardère précise avoir notamment conclu avec le fonds Amber Capital, qui bataillait pour des changements dans la gouvernance, "un accord transactionnel mettant fin aux diverses procédures qui les opposaient".

Dans un communiqué séparé, le fonds britannique indique que cet accord "s'inscrit dans une perspective de pacification des relations entre Lagardère et ses principaux actionnaires", et qu'il "concrétise l'expression de sa vision stratégique en sa qualité d'investisseur et d'actionnaire de référence avec près de 20% du capital".

Arnaud Lagardère fragilisé à la suite de cet accord?

S'il abandonne la commandite, Arnaud Lagardère n'a toutefois pas tout perdu à l'issue des négociations. Il a ainsi obtenu la garantie d'un poste de PDG dans la future organisation. Il n'y a cependant aucun engagement formel sur cette durée de six ans.

En échange de cet abandon, une "compensation" est prévue pour les associés commandités, soit Arnaud Lagardère et la société Arjil Commanditée - Arco. Ils se verront attribués un total de 10 millions d'actions nouvellement émises. Cette compensation correspondra "à environ 7,62% du capital social de la Société pré-émission et environ 7,08 % du capital post-émission".

Cet accord n'est cependant pas aussi favorable qu'il y parait. Il y a un an, Arnaud Lagardère avait déjà eu l'opportunité d'un tel accord, où il aurait pu espérer beaucoup plus de compensations financières. Il n'a pas non plus obtenu d'accord de la part de Vincent Bolloré de ne pas monter davantage au capital. Arnaud Lagardère n'a pas non plus d'accord solide avec Bernard Arnault, son allié.

Le nouveau conseil d'administration serait composé de onze membres, dont deux administrateurs représentant les salariés désignés par le Comité de groupe, trois administrateurs proposés par Arnaud Lagardère dont deux indépendants, trois proposés par Vivendi dont deux indépendants, un administrateur proposé par Qatar Holding LLC, un administrateur proposé par Amber Capital, et un administrateur indépendant proposé par Financière Agache.

Mardi, Lagardère avait affirmé qu'aucune activité ne serait cédée si le projet devait aboutir.

Frédéric Bianchi, avec Matthieu Pechberty et Pauline Ducamp avec AFP