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Le patron de Lidl menace deux de ses fournisseurs de les sortir des rayons

A quelques heures de la fin des négociations commerciales et faute d'accord sur les tarifs, Lidl estime qu'il n'aura d'autres solutions que d'enlever des références de ses magasins.

A quelques heures de la fin des négociations commerciales, Lidl met la pression sur ses fournisseurs. Michel Biero, le directeur exécutif achats et marketing du distributeur en France, a laissé entendre que des marques (sans les citer) pourraient disparaître de ses rayons.

"Un ou deux fournisseurs de Lidl risquent de ne plus être dans les rayons dans les semaines à venir, indique le patron de l'enseigne sur BFM Business. Quand on vous demande de 15 à 20% de hausse sans justification, je ne peux pas accepter."

Si les marques nationales ne représentent que 10% des produits vendus par Lidl, certaines pourraient donc venir à manquer. La faute au manque de transparence selon le distributeur.

"Nous avions des hausses de tarifs de 12-15% à 40% ou plus, assure Michel Biero. [...] Mais est-ce que lorsqu'un industriel me demande 15-20% de hausse, ce n'est pas un leurre pour avoir 10%? Dans d'autres pays, la relation est plus apaisée [entre distributeurs et marques] mais chez nous il y a cette relation de défiance parce qu'il y a un manque de transparence."

Comme les autres distributeurs, Lidl réclame des justificatifs de hausses des coûts dans ses négociations commerciales avec les industriels. Ce que certains refuseraient de fournir.

Seuls 7 contrats sur 10 signés

Alors que les négociations prennent fin ce mardi soir à minuit, de nombreux blocages persistent. Selon l'Ania, le groupement des indistriels, seulement 70% des contrats auraient été signés ce mardi. Un ratio particulièrement faible à quelques heures de la fin de la négociation.

Des hausses de prix ont toutefois été consenties. Lidl, comme Système U, estime que les prix devraient encore augmenter de 10% dans la foulée des négociations. Mais selon Michel Biero, ces hausses devraient être progressives.

"Je ne parlerais pas de 'mars rouge' mais d'un semestre compliqué, indique-t-il. Je table sur 10% jusqu'à l'été avant une stabilisation et je l'espère un recul après."

Pour contenir les hausses, le distributeur assure en tout cas rogner sur ses marges. Alors que le chef de l'Etat a invité les enseignes à en faire plus, le patron de Lidl estime que c'est aussi aux fournisseurs de faire des efforts.

"Quand on prend 25% de hausses sur les pâtes, on ne répercute pas la totalité, assure Michel Biero. Il faut que les efforts soient partagés, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco