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"L'ordonnance" de la Banque de France pour endiguer l'inflation

François Villeroy de Galhau a écrit à Emmanuel Macron au sujet de la flambée des prix. Le document intitulé "comment la France et l'Europe vont vaincre l'Inflation" est rendu public ce soir. Un document dans lequel le gouverneur de la Banque de France file la métaphore médicale.

"Monsieur le Président, je vous fais une lettre." Mais cette fois et pour la deuxième année consécutive ce n'est pas Boris Vian, mais le Gouverneur de la Banque de France qui en est l'auteur. Un document de dix huit pages, rendu public ce lundi, pour tenir une promesse: ramener l'inflation à 2% entre fin 2024 et 2025. Et François Villeroy de Galhau traite le sujet comme un  médecin une maladie, une maladie économique et sociale dont il compte bien venir à bout. Car selon lui, elle a été prise... à temps.

Le diagnostic

Le "médecin" Villeroy de Gahlau ne prévoit pas, il promet de traiter la maladie de la vie chère. C'est un engagement: l'inflation sera ramenée à 2% fin 2024 - 2025.

Pour lui les effets de cette maladie sont perçus plus durement qu'ils ne le sont en réalité et le gouverneur de la Banque de France en relativise les symptômes. Le pouvoir d'achat, censé être durement affecté, est selon lui resté finalement préservé en 2022. Et devrait l'être à nouveau en 2023.

Pas aussi dramatique qu'on pourrait le croire, donc. Le malade n'est pas si mal en point. Quoiqu'il en pense.

Le danger peut en revanche venir de l'emballement d'une spirale prix-salaires et prix-marges dans certains secteurs. Mais ces deux risques justifient aujourd'hui une vigilance accrue plus qu'une alerte globale. En gros: ce n'est pas si grave. Il faut juste surveiller les constantes.

Le remède

Pour le gouverneur de la Banque de France, il est monétaire plus que budgétaire. Bien que la première arme ait été budgétaire en France. Les boucliers tarifaires mis en place depuis 2021 ont été efficaces pour amortir temporairement le choc énergétique, mais ils ne peuvent le faire disparaître.

Mais la cure aujourd'hui doit donc être d'ordre monétaire. Il faut sortir du quoiqu'il en coûte. Et le traitement a déjà commencé: sans provoquer la récession redoutée, l’Eurosystème a agi vite et fort depuis un an. Aujourd’hui, le crédit est logiquement plus cher en Europe: c’est cependant en France qu’il reste le plus favorable, et largement accessible aux ménages comme aux entreprises. La solidité du système bancaire français le met en effet à l’abri des problèmes spécifiques connus par certaines banques régionales américaines ou par Crédit Suisse. Le malade France a pour lui de bons fondamentaux.

Il faut néanmoins lancer un traitement de fonds, en quatre dimensions pour que le malade français retrouve une bonne santé. Les deux premières, la transformation énergétique et climatique et la transformation numérique, sont des réponses européennes, adaptées à un mal commun.

Deux dimensions sont plus spécifiquement ciblées au "mal français", et là pas de potion magique. Il faut réussir la transformation des services publics et ainsi améliorer l'efficacité des dépenses courantes pour mieux répondre à celles de l'avenir. Vaste programme...

Une notion capitale: la confiance

Et surtout transformer l'essai sur la question du Travail. Le taux de chômage est maîtrisé certes, mais le travail doit être individuellement plus qualifié, et plus attractif. Pour 52% des entreprises françaises, le premier frein à la production est aujourd'hui... le recrutement.

Et François Villeroy de Gahlau de terminer sa lettre par une notion capitale: la confiance. Sans quoi la guérison n'est guère possible. Redonner confiance aux Français touchés de plein fouet par cette poussée de fièvre inflationniste, c'est tout l'enjeu de ce traitement de fonds qu'il convient d'administrer à la France.

Alexandra Paget