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Economie

Japon, Thaïlande, Turquie… quelles ont été les conséquences touristiques des catastrophes naturelles?

Certains acteurs touristiques au Maroc craignent que le séisme ne décourage les visiteurs étrangers à se rendre dans le pays.

"Il faut revenir au Maroc". L'humoriste Jamel Debbouze a appelé lundi soir les visiteurs étrangers à ne pas déserter le pays nord-africain, meurtri par un puissant séisme responsable d'au moins 2862 morts et 2562 blessés. Le secteur du tourisme, en plein rebond après le coup d'arrêt de la crise sanitaire, représente près de 7% du PIB marocain, et sans doute bien plus dans la région concernée –Marrakech est l'une de ses destinations phares. Certains acteurs touristiques locaux craignent désormais des annulations de dernière minute et des reports de projet de voyage.

Mais le secteur touristique fait souvent preuve d'une solide résilience face aux catastrophes naturelles. Le tsunami de décembre 2004 avait ainsi ravagé la côte occidentale de la Thaïlande, notamment les célèbres plages de Khao Lak et la station balnéaire de Phuket. Si les visiteurs se font faits rares dans les mois qui ont suivi le tsunami, malgré les prix qui se sont effondrés, la situation est progressivement revenue à la normale en 2005-2006. La Thaïlande accueillait 11,57 millions de touristes internationaux en 2005, à peine moins qu'en 2004 et davantage qu'en 2003 (10,08 millions).

Tsunami de décembre 2004

La catastrophe n'a pas freiné le développement exponentiel du tourisme dans le pays asiatique, qui a dépassé la barre des 25 millions de touristes internationaux dès 2013. Certains hôtels ont été complètement détruits, mais les dommages ont été moindres pour la plupart des établissements. Le pays a rapidement cherché à reconstruire les stations balnéaires pour effacer les traces du tsunami et en a même profité pour repenser le tourisme dans ses provinces littorales très fréquentées, misant sur une montée en gamme et une meilleure répartition des flux touristiques.

Maroc : nos reporters dans les villages dévastés
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16:30

En Turquie, les puissants séismes de février 2023, responsables de plus de 56.000 morts dans le pays et en Syrie voisine, n'ont pas profondément endommagé l'activité touristique, cruciale pour l'économie nationale. Le pays n'enregistre pas de vagues d'annulations: les régions les plus prisées par les visiteurs étrangers –notamment Istanbul et les grandes stations balnéaire d'Antalya et Bodrum– étaient situées loin de l'épicentre du tremblement de terre. À l'exception de la région de Hatay, au sud-est de la Turquie, durement touchée et encore désertée par les touristes.

Accident de Fukushima

Le séisme de mars 2011, au Japon, avait été suivi par un tsunami, lui-même suivi par l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima. Au plan touristique, l'image a été désastreuse pour l'archipel nippon: le nombre de visiteurs s'écroule de plus de 60% au mois d'avril 2011 par rapport à l'année précédente, car les pays étrangers déconseillent à leurs ressortissants de s'y rendre. Ces recommandations sont néanmoins levées dans les semaines suivantes, et les voyagistes reprennent leurs activités au Japon dès la mi-avril pour les touristes chinois et un peu plus tard pour les Occidentaux.

Le Japon a accueilli 6,2 millions de touristes internationaux en 2011, soit une chute de plus de 25% par rapport à 2010 où ils étaient 8,6 millions. Mais le tourisme retrouve rapidement le chemin de la croissance, poussés par l'afflux toujours plus important des visiteurs chinois: 8,4 millions de touristes sont comptabilisés en 2012 puis 10,4 millions en 2013, jusqu'à dépasser 31 millions en 2019. Mais, de même qu'en Thaïlande, c'est la crise sanitaire qui va mettre le tourisme à terre dans les années suivantes –les conséquences économiques du Covid-19 sont bien plus désastreuses.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV