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Incendie sur un cargo au large des pays-Bas: quels sont les risques pour l'environnement?

Alors que l'incendie fait toujours rage sur le Fremantle Highway au large des Pays-Bas, autorités et associations craignent les conséquences écologiques d'un éventuel naufrage du cargo dans la mer des Wadden.

Des pompiers néerlandais combattent toujours jeudi un incendie qui a éclaté la veille sur un cargo transportant des voitures au large des Pays-Bas et fait un mort et plusieurs blessés, selon les autorités. Le Fremantle Highway, battant pavillon panaméen, reste attaché à un remorqueur pour maintenir sa position à une trentaine de kilomètres au nord de l'île néerlandaise d'Ameland, selon les garde-côtes néerlandais. "Le feu est toujours en cours à bord", selon le dernier point en date des garde-côtes, selon lesquels "il n'y a pas eu de faits nouveaux".

"La température à bord reste très élevée et l'extinction de l'incendie est difficile", a déclaré le porte-parole des garde-côtes, Edwin Granneman. "S'il arrive trop d'eau sur le navire, cela peut affecter sa stabilité", a-t-il expliqué à la radio BNR. Il a ajouté que "le risque d'un désastre environnemental est toujours présent", avec un scénario éventuel "dans lequel le bateau se retourne et coule. Il y aurait alors des dommages pour l'environnement".

Un navire pour empêcher le pétrole de se répandre

Les préoccupations écologiques n'ont pas tardé à émerger dans les heures qui ont suivi l'appel aux services de secours pour signaler l'incendie dans la nuit de mardi à mercredi. Ameland est l'une des huit îles néerlandaises (dont cinq habitées) à cheval entre la mer des Wadden et la mer du Nord, au nord des Pays-Bas. La mer des Wadden, qui longe une région côtière s'étendant des Pays-Bas au Danemark, a été déclarée patrimoine mondial de l'Unesco et possède une riche diversité de plus de 10.000 espèces aquatiques et terrestres. Un porte-parole du maire de l'île d'Ameland a déclaré à l'agence de presse néerlandaise ANP craindre que "l'environnement ne subisse des dégâts si le cargo en flammes venait à couler".

"Qu'est-ce qui peut s'échouer ? Que contient ce navire ? Du pétrole par exemple? Quel type de fret? Cela peut-il conduire à des substances dangereuses sur les îles?", interroge Leo Pieter Stoel, le maire d'Ameland.

Au micro de BFMTV, l'ancien commandant de cargo routier Marc Prébot a évoqué les deux principaux risques que présenterait un naufrage pour l'environnement: "C'est le problème des batteries et du lithium avec l'électrolyte qui risque de polluer les eaux. En plus, ce cargo a des soutes et il venait de partir de Bremerhaven et se dirigeait vers Port-Saïd donc j'imagine que les soutes étaient pleines avec donc quasiment tout le carburant nécessaire à la propulsion du navire."

D'après les informations du tabloïd néerlandais "De Telegraaf", un navire d'intervention de l'agence gouvernementale chargée des installations fluviales (Rijkswaterstaat) peut être déployé si le pétrole commence à fuir afin de l'empêcher de se répandre grâce à deux barrages de balayage. Parallèlement, le ministre néerlandais de l'Infrastructure et de la Gestion de l'eau, Mark Harbers, a estimé dans une lettre au Parlement que si une fuite de carburant se produisait sur le Fremantle Highway, elle pourrait s'éloigner des îles vers la mer du Nord, en raison des courants et du vent actuels.

Les souvenirs du MSC Zoe

Les associations montent également au créneau pour apporter des solutions dans la gestion de la situation à l'image de Waddenvereniging, une organisation de défense de l'environnement dans la région. "L'approche vise à éloigner le plus possible le navire de la zone, a-t-elle indiqué dans un communiqué. Il existe également un risque d'impact sur la mer du Nord, mais les conséquences y sont moindres." Le Commandement central des urgences maritimes en Allemagne possède également un navire, le Nordic, à proximité du Fremantle Highway avec la possibilité d'intervenir "à la fois en mer du Nord et en mer Baltique" en cas de catastrophe.

Malgré des inquiétudes plus modérées quant aux conséquences sur la mer du Nord, la North Sea Foundation garde en tête le récent précédent du MSC Zoe.

Le porte-conteneurs MSC Zoe, en mer du Nord, le 2 janvier 2018
Le porte-conteneurs MSC Zoe, en mer du Nord, le 2 janvier 2018 © Havariekommando / AFP

En janvier 2019, quelque 340 conteneurs d'un des plus gros porte-conteneurs au monde, touché par une tempête, étaient tombés à l'eau dans la région, jonchant de plastique et polystyrène des kilomètres de littoral vierge. "L'incident d'aujourd'hui et la catastrophe avec le MSC Zoe se déroulent sur une route très fréquentée à proximité d'une zone naturelle sensible, a rappelé Ewout van Galen, responsable des programmes à la North Sea Foundation, à "De Telegraaf".

"Le fait qu'il s'agisse de navires de grandes dimensions rend les risques encore plus grands. Nous devons prévenir ce genre de catastrophes, et si elles se produisent, il doit être clair qui est responsable du nettoyage des dégâts des fonds marins."
Timothée Talbi avec AFP