BFM Business
International

De 37,5 à plus de 100 milliards de livres: au Royaume-Uni, le projet de LGV tourne au fiasco

Des ouvriers aperçus le 25 février 2020 dans une forêt de Leamington Spa où doit passer la future LGV

Des ouvriers aperçus le 25 février 2020 dans une forêt de Leamington Spa où doit passer la future LGV - JUSTIN TALLIS

La construction d'une ligne à grande vitesse reliant les grandes villes du nord de l'Angleterre à Londres a vu son coût exploser en dix ans. Déjà revu à la baisse, le projet pourrait être amputé d'un nouveau tronçon.

Le gouvernement britannique a mis en garde ce dimanche contre les coûts exorbitants du chantier de ligne à grande vitesse HS2 et appelé à la mesure dans les dépenses, sur fond de craintes d'une nouvelle amputation de ce projet majeur.

Destinée à rapprocher les grandes villes du nord de l'Angleterre de Londres, la deuxième ligne à grande vitesse du pays - après celle qui relie la capitale au tunnel sous la Manche - ne peut pas bénéficier d'un "chèque en blanc" si son coût augmente "inexorablement", a averti dimanche le ministre de la Défense Grant Shapps. Estimé à 37,5 milliards de livres en 2013, HS2 a vu son coût s'envoler depuis à une centaine de milliards (115 milliards d'euros).

Déjà plusieurs fois revu à la baisse pour tenter de maintenir les coûts, le projet risque à présent selon la presse britannique de se voir amputer du tronçon Birmingham / Manchester. "Je dois dire qu'il serait irresponsable de simplement dépenser de l'argent, de faire comme si rien n'avait changé", a déclaré à l'émission politique dominicale de la BBC Grant Shapps, précédemment chargé des transports, évoquant l'augmentation des coûts du projet, notamment sous le coup de l'inflation liée à la guerre en Ukraine.

Les vastes projets comme HS2, "qui je crois est le plus grand chantier de construction en Europe, aspirent beaucoup de cet argent", a-t-il poursuivi, "tout gouvernement doit prendre ces décisions".

Culture Geek : Des trains à très, très grande vitesse - 25/08
Culture Geek : Des trains à très, très grande vitesse - 25/08
4:15

"Citoyens de seconde zone"

Au Royaume-Uni, le sujet est hautement sensible, car la réduction des ambitions de HS2 est dénoncée comme un reniement des promesses du gouvernement dans sa politique de rééquilibrage territorial au profit des régions défavorisées du nord de l'Angleterre. Et ce à quelques mois d'élections que les conservateurs, au pouvoir depuis 13 ans, abordent avec une vingtaine de points de retards dans les sondages sur l'opposition.

Sur la chaîne Sky News, le maire travailliste de Manchester Andy Burnham, a estimé que les habitants du nord de l'Angleterre sont traités comme "des citoyens de seconde zone". Si les conservateurs "laissent une situation où la moitié sud du pays est reliée par des lignes à grande vitesse et le nord de l'Angleterre reste avec des infrastructures victoriennes", a-t-il ajouté, "c'est la recette pour que la fracture nord-sud devienne un gouffre nord-sud pour le reste du siècle".

P.L. avec AFP