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Inflation alimentaire: Bercy envisage une taxe sur le chiffre d'affaires des grands industriels

INFO BFM BUSINESS - Bruno Le Maire persiste et signe avec les grands groupes de l'agroalimentaire: s'ils ne rouvrent pas les négociations avec la distribution, ils risquent de subir une taxe exceptionnelle dans le projet de loi de finances 2024.

L'inflation recule partout… sauf dans l'alimentaire. Alors que la hausse générale des prix au mois de mai est au plus bas depuis un an, elle dépasse encore les 14% sur un an dans l'alimentation, après 15% en avril. Pour casser cette inflation à deux chiffres, le gouvernement compte sur les grands industriels, sommés de rouvrir de toute urgence les négociations commerciales avec la grande distribution.

Sauf que les discussions patinent et Bruno Le Maire s'agace. Si rien ne bouge dans les tout prochains jours, le ministre de l'Économie et Olivia Grégoire, chargée du Commerce, se disent prêts et déterminés à actionner le levier fiscal. D'après les informations de BFM Business, c'est une taxe exceptionnelle sur le chiffre d'affaires qui est dans les tuyaux. Elle serait mise en place dans le projet de loi de finances 2024.

Bercy hausse le ton

Bercy a pourtant essayé la manière douce. Après une réunion au ministère le 17 mai avec les deux ministres, les 75 plus grands groupes agroalimentaires s'étaient engagés à rouvrir les négociations d'ici fin mai, début juin. Mais l'ultimatum arrive à son terme et les renégociations n'ont pas franchement débuté. Bercy menace donc de serrer la vis.

Sur les 75 grands groupes agroalimentaires dans le viseur, cette taxe s'appliquerait à ceux qui se sont engagés à rouvrir les négociations et qui ne le font pas. Les industriels concernés sont ceux dont les prix de vente ont augmenté de plus de 10% depuis le 1er mars, et dont le coût d'au moins une matière première a baissé de plus de 20%.

Jusqu'ici, ces industriels ne voyaient pas autre chose qu'un coup de pression politique derrière la menace de taxation de Bruno Le Maire. Mais les services du ministre nous assurent que la menace est très sérieuse, et qu'ils pourraient très facilement mettre en place cette taxe, parce qu'ils l'ont tout simplement déjà fait dans d'autres secteurs.

Des précédents dans l'énergie, le numérique…

Tout récemment, ce sont par exemple les superprofits des énergéticiens qui ont été taxés spécifiquement, ou encore les activités de raffinage de TotalEnergies en France.

Bercy rappelle aussi que depuis 2019, la France taxe les grandes entreprises du numérique, avec un prélèvement de 3% sur le chiffre d'affaires réalisé dans le pays par une quarantaine d'entreprises, et qui devrait rapporter cette année près de 700 millions d'euros.

Dernier exemple: en 2017, dans le premier budget de Bruno Le Maire, la France avait mis en place une surtaxe exceptionnelle d'impôt sur les sociétés pour les 320 entreprises françaises qui faisaient plus de 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires. L'objectif était de boucler le budget après l'annulation par le Conseil constitutionnel de la taxe à 3% sur les dividendes.

En résumé, "une taxe sur mesure, on sait faire", nous fait-on comprendre du côté de Bercy. Mais Bruno Le Maire espère toujours ne pas devoir en arriver là et compte sur la parole donnée par les grands industriels pour rouvrir les négociations dans les jours qui viennent.

Thomas Sasportas