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Economie

Face à la grogne agricole, Bruxelles propose une dérogation partielle aux obligations de jachères

La Commission européenne a proposé une dérogation partielle aux obligations de jachères, décriées par les manifestations d'agriculteurs un peu partout en Europe.

Les manifestations d'agriculteurs un peu partout en Europe ont remis le sujet des jachères sur la table. La Politique agricole commune (Pac), au niveau européen, oblige les agriculteurs à libérer une partie de leurs terres arables pour favoriser la biodiversité. Or, pour les syndicats agricoles qui s'en sont saisis comme l'une de leurs principales revendications, cela représente une perte de revenus pour les producteurs. Lâchant du lest pour répondre aux mobilisations agricoles, la Commission européenne a annoncé accorder une dérogation partielle aux obligations de jachères.

La nouvelle Politique agricole commune (Pac), entrée en vigueur l'année passée en Europe, oblige les agriculteurs à mettre au moins 4% de leurs terres arables en jachères, c'est-à-dire de les laisser "reposer" sans rien y cultiver, pour favoriser la biodiversité. Ces surfaces peuvent être également dédiées à des infrastructures agroécologiques (IAE), c'est-à-dire des haies, des bosquets, des mares ou des fossés. Un taux minimum de jachères pouvant être ramené à 3% dans certaines conditions. Si l'obligation n'est pas respectée, l'agriculteur risque de perdre des aides de la Pac.

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Guerre en Ukraine

Dans le sillage de la guerre en Ukraine, les obligations de jachères avaient été suspendues par Bruxelles pour l'année 2023. L'objectif était de pousser la production céréalière européenne pour compenser les perturbations de la production ukrainienne et la diminution des importations russes, deux poids-lourds des céréales. Malgré les demandes insistantes de certains États membres, dont la France, la Commission européenne avait jusqu'alors refusé de reconduire en 2024 la suspension de ces obligations, craignant que cela ne remette en cause la crédibilité de la nouvelle Pac.

Mais Bruxelles a finalement proposé une solution de compromis, une dérogation partielle, qui sera rapidement soumise à l'approbation des États membres. En vertu de cette proposition, les agriculteurs pourront déroger aux obligations de jachères s'ils atteignent 7% de cultures intermédiaires* et/ou de cultures fixatrices d'azote (haricots, fèves, lentilles…) sur leurs terres arables. Avec une condition, néanmoins: ces cultures ne devront pas recourir aux produits phytosanitaires pour "préserver l'ambition environnementale" de la nouvelle Pac, précise la Commission européenne.

Reste à voir si cela gagnera l'approbation des syndicats agricoles, la dérogation partielle proposée par Bruxelles étant restreinte à la seule année 2024.

*Les "cultures intermédiaires" (ou "cultures dérobées") s’intercalent entre deux cultures principales annuelles et sont destinées à l'enfouissement en tant qu'engrais vert ou à l'alimentation du bétail. On y retrouve, par exemple, le maïs, l'avoine de printemps, le colza fourrager, le sarrasin, le radis fourrager ou encore le millet jaune.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV