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Un quart des vols annulés à Orly et Toulouse: pourquoi les contrôleurs aériens font grève ce lundi

Ce lundi, 25% des vols depuis Paris-Orly et Toulouse-Blagnac et 20% à Bordeaux-Mérignac et à Marseille-Provence sont annulés en raison d'un appel à la grève de syndicats minoritaires.

Encore une journée compliquée pour ceux qui doivent prendre l'avion. Un mouvement de grève des contrôleurs aériens ce lundi 20 novembre provoque de nombreuses perturbations dans le ciel français.

Concrètement, 25% des vols depuis Paris-Orly et Toulouse-Blagnac sont annulés et 20% à Bordeaux-Mérignac et à Marseille-Provence en raison d'un appel à la grève de syndicats minoritaires. Des retards sont également à prévoir, prévient l'aviation civile (DGAC).

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"En dépit de ces mesures préventives, des perturbations et des retards sont néanmoins à prévoir", prévoit la DGAC, invitant "les passagers qui le peuvent à reporter leur voyage et à s'informer auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l'état de leur vol".

Pourquoi cette grève?

Malgré une trève signée en septembre dernier avec le principal syndicat SNCTA, l'UNSA-ICNA, l'USAC-CGT et la CFDT entendent protester contre l'adoption mercredi 15 novembre de la proposition de loi qui modifie l'exercice de la grève dans le secteur.

Elle vise à obliger les contrôleurs aériens à se déclarer individuellement grévistes ou non 48 heures à l'avance, comme c'est déjà le cas à la RATP ou à la SNCF.

Précisément, le texte impose aux grévistes de prévenir de leur participation à un mouvement social "au plus tard à midi l'avant-veille de chaque journée de grève".

Pour les syndicats grévistes, "cette proposition de loi a pour but de contraindre, encore plus qu’il ne l’est déjà, le droit de grève des contrôleurs aériens. Les objectifs des pouvoirs publics sont clairs: ancrer dans la loi l’injustice créée par l’application concomitante et inédite de deux processus de limitation du droit de grève, affaiblir les contrôleurs dans toutes leurs négociations futures. (Et) ainsi faire rentrer dans le rang une profession dont les progrès sociaux agacent".

Que change cette loi?

Jusqu'à l'adoption de cette loi (qui doit encore être promulguée), les contrôleurs n'avaient pas l'obligation de se déclarer individuellement en grève lorsqu’un syndicat dépose un préavis.

Conséquence, la DGAC doit évaluer à la louche l'ampleur d'un mouvement et donc réduire préventivement un nombre important de vols pour assurer un service minimum, même lorsque ce sont des syndicats minoritaires qui déposent un préavis, comme aujourd'hui.

Il s'agit de mettre en œuvre "les astreintes nécessaires à l’application du service minimum dans certains centres en route de la navigation aérienne (CRNA) et dans 10 des 16 principaux aéroports métropolitains et dans les principaux aéroports d’Outre-Mer", explique-t-elle.

Désormais, grâce à ces déclarations individuelles, l'aviation civile aura plus de visibilité sur l'ampleur exacte d'une grève, ce qui lui offrira la possibilité d'annuler moins de vols préventivement.

Pourquoi cette loi?

Ce texte "protecteur et d'équilibre" permet de mettre fin "à un système asymétrique" à l'origine d'une "désorganisation du service public", a soutenu le ministre des Transports Clément Beaune depuis l'hémicycle.

L'objectif est également d'éviter d'importantes perturbations pendant les grandes périodes de vacances ou les événements sportifs comme les prochains Jeux olympiques de Paris.

"On pourra éviter qu'il y ait des grèves faibles avec un effet important sur le trafic", résume sur BFMTV Vincent Capo-Canellas, sénateur UDI de Seine-Saint-Denis à l'origine de ce projet de loi.

Il faut dire que le cadre précédent entraînait systématiquement d'importantes perturbations dans le ciel français et même européen étant donné la position géographique de la France.

Selon une étude sénatoriale sur la période 2005/2016, la France a comptabilisé 249 jours de grève des contrôleurs aériens, contre 34 en Italie, 44 en Grèce, et moins de dix dans les autres États membres. De quoi provoquer la colère de nombreuses compagnies aériennes, notamment Ryanair qui ne cesse de demander à la Commission européenne d'agir contre la France.

Outre les opérateurs, cette nouvelle loi est soutenue par le principal syndicat des contrôleurs aériens, le SNCTA qui dénonce en effet l'"instrumentalisation du droit de grève et son usage déraisonné" dans certaines circonstances.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business