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Contrôleurs aériens: pourquoi les prochaines grèves provoqueront moins de vols annulés

Le 20 novembre prochain, 25% des vols à Paris-Orly et à Toulouse-Blagnac et 20% à Bordeaux-Mérignac et à Marseille-Provence seront une nouvelle fois annulés en raison d'un appel à la grève de syndicats minoritaires. Une loi récemment votée devrait toutefois réduire l'impact des futurs mouvements sociaux dans le secteur.

Un baroud d'honneur? Encore une fois, le ciel français va être perturbé par un mouvement de grève des contrôleurs aériens lundi 20 novembre, à l'appel de syndicats minoritaires.

Concrètement, 25% des vols à Paris-Orly et à Toulouse-Blagnac et 20% à Bordeaux-Mérignac et à Marseille-Provence seront annulés.

Jusqu'où ira le Low Cost dans l'aérien ?
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L'UNSA-ICNA, l'USAC-CGT et la CFDT entendent protester contre l'adoption mercredi de la proposition de loi visant à obliger les contrôleurs aériens à se déclarer individuellement grévistes ou non 48 heures à l'avance, comme c'est déjà le cas à la RATP ou à la SNCF.

La France championne des grèves des aiguilleurs du ciel

De quoi changer considérablement les conséquences des grèves des aiguilleurs du ciel en France où ces mouvements sont récurrents.

Il faut dire que la France est la championne du monde des jours de grèves dans le contrôle aérien. Selon une étude sénatoriale sur la période 2005 et 2016, la France a comptabilisé 249 jours de grève, contre 34 en Italie, 44 en Grèce, et moins de dix dans les autres États membres.

Pourquoi les grèves initiées par des syndicats minoritaires ont autant de conséquences sur le nombre de vols annulés? D'autant plus qu'une "trève olympique" avait été signée avec le principal syndicat de ces professionnels.

Interrogée par BFM Business, l'Aviation civile explique qu'elle "doit mettre en œuvre", même pour une mobilisation réduite, "les astreintes nécessaires à l’application du service minimum dans certains centres en route de la navigation aérienne (CRNA) et dans 10 des 16 principaux aéroports métropolitains et dans les principaux aéroports d’Outre-Mer".

Service minimum

En clair, comme les contrôleurs n'ont pas l'obligation (jusqu'à aujourd'hui donc) de se déclarer individuellement en grève lorsqu’un syndicat dépose un préavis, la DGAC est dans le flou total. Elle doit évaluer à la louche l'ampleur du mouvement et donc réduire préventivement un nombre de vols importants pour assurer ce service minimum.

Désormais, lorsque les décrets d'application de la loi votée mercredi seront publiées, l'aviation civile aura plus de visibilité sur l'ampleur exacte d'une grève.

Précisément, le texte impose aux grévistes de prévenir de leur participation à un mouvement social "au plus tard à midi l'avant-veille de chaque journée de grève".

La DGAC pourra dès lors affiner le nombre de vols annulés qui a priori sera donc moins important à l'avenir.

Ce texte "protecteur et d'équilibre" permet de mettre fin "à un système asymétrique" à l'origine d'une "désorganisation du service public", a soutenu le ministre des Transports Clément Beaune depuis l'hémicycle.

Le paradoxe dans ce dossier, c'est que le principal syndicat de contrôleurs aériens se dit favorable à ces nouvelles règles.

Les compagnies aériennes satisfaites

Le syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA) pointe en effet l'"instrumentalisation du droit de grève et son usage déraisonné" dans certaines circonstances.

Du côté des compagnies aériennes, c'est une victoire historique. Rynair est particulièrement véhémente à l'encontre du contrôle aérien français. "Des centaines de milliers de passagers de compagnies aériennes ont été retardés en raison des grèves de l'ATC français" se plaignait-elle en janvier dernier.

Il faut rappeler qu'à cause de la position géographique de la France, les 1750 contrôleurs français doivent gérer les avions qui atterrissent et décollent mais aussi les très nombreux appareils qui passent dans le ciel français. Au total, ce sont 3 millions de "mouvements" qui sont comptabilisés sur une année (chiffre de 2019).

La Fnam (Fédération nationale de l'aérien et de ses métiers) rappelle que "le coût des annulations pour les exploitants a ainsi été estimé à 8 millions d'euros par jour en moyenne et le coût des retards à 6 millions d'euros supplémentaires par jour (source Eurocontrol)".

Le lobby "se félicite en conséquence de l’adoption hier à l’Assemblée nationale, après son adoption avant l’été au Sénat, d’une proposition de Loi mettant en place un dispositif qu’elles réclament depuis des années et seul susceptible de garantir une meilleure prévisibilité indispensable tant pour les compagnies que les passagers".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business