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Trains, cars, avions: le casse-tête de l'interdiction de manger et boire dans les transports

Un avion de la compagnie Air Caraïbes sur le tarmac de l'aéroport Paris-Orly, le 27 août 2019

Un avion de la compagnie Air Caraïbes sur le tarmac de l'aéroport Paris-Orly, le 27 août 2019 - ERIC PIERMONT © 2019 AFP

Jean Castex a annoncé lundi l'interdiction de se restaurer dans les transports. Simple modalité pour les courts voyages, cette décision s'annonce plus complexe à appliquer lors des longs trajets.

Comment va s'appliquer la nouvelle interdiction de consommer boissons et nourriture dans les transports en commun? Si sur le papier, cette nouvelle mesure contre la propagation de l'épidémie de Covid-19 et le variant Omicron, annoncée lundi 27 décembre par Jean Castex lors d'une conférence de presse, apparait limpide, elle suscite depuis de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

Le Premier ministre a en effet énoncé l'interdiction de consommer de la nourriture ou des boissons "dans les transports collectifs, y compris longue distance", à compter de lundi 3 janvier et pour une période d'au moins trois semaines.

Les voiture bars fermées

Concrètement, cela implique l'interdiction de consommer de la nourriture même en étant assis à son siège, que cela soit en train, en avion ou encore en bus. A bord des trains, les voitures bars seront donc de nouveau fermées, comme au début de la pandémie, précise ce mardi le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari selon Europe 1. Il sera donc obligatoire de rester à sa place, avec le masque porté tout au long du trajet.

Cette interdiction fait réagir, non pas pour les courts trajets mais dans des optiques de longs voyages, tels que les vols intérieurs depuis et vers l'outre-mer. Notamment, sur des vols reliant la métropole à la Martinique ou encore la Réunion, qui peuvent atteindre les 12 heures de trajet.

Interrogé par la chaîne Outre-mer la 1ère, le ministère des Outre-mer "reconnaît se poser la question", mais reste sans réponse. Si le ministère des Transports répond à l'AFP que l'interdiction s'appliquera aux vols domestiques, la question de la liaison avec les Dom-Tom ne semble donc pas tranchée. En effet, si les vols avec escale ne sont pas concernés, les vols directs vers des territoires tels que Mayotte ou la Réunion pourraient l'être.

Même question pour des trajets de plusieurs heures en train, par exemple sur un Paris-Nice ou un Lille-Toulouse, un trajet qui dépasse les 8 heures, avec des arrêts très fugaces en gare.

En attendant la publication du décret d'application officiel, pour préciser les modalités dans les trains, les avions ou les cars, quelques entreprises commencent déjà à réflechir à leur stratégie.

A l'instar de FlixBus. La compagnie de cars longues distances précise à BFM Business que s'ils n'ont pas de mesures particulières à prendre - il n'y a pas de vente de nourriture dans les cars -, ils inviteront au maximum les voyageurs à prendre leurs collations lors des pauses régulières effectuées sur les longs trajets. Des pauses qui ont lieu en moyenne toutes les deux heures.

"Il est difficile de restreindre les gens de boire ou grignoter, mais il est plus facile de se retenir de baisser son masque dans nos bus, car les arrêts sont plus fréquents sur les trajets longue distance", précise la compagnie de bus.

Même retour chez Blablacar, qui nous indique que les pauses à bord pourront être plus longues et plus fréquentes, si nécessaire, pour permettre aux voyageurs de prendre le temps de manger et boire.

Plus souple pour les enfants

Toutefois, si le décret d'application n'est pas encore officiellement paru, il semblerait que ces mesures soient l'objet d'assouplissements selon certaines conditions.

"On va être évidemment très pragmatiques et faire preuve de discernement sur le sujet. Il ne serait pas normal, par exemple, d'interdire aux gens de boire ou à une mère de donner de la nourriture à son enfant", a précisé le ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari, auprès de Europe 1. Et d'ajouter que ces règles sont encore au stade de la rédaction.

Du côté de Matignon, on mentionne également "du discernement", sur ces mêmes sujets que sont les enfants et l'hydratation, sans donner davantage de détails. Les compagnies aériennes telles que Corsair, Air Caraïbes ou encore Air Austral, mais également la SNCF attendent, eux, le décret d'application avant de s'exprimer.

Une chose semble certaine: "discernement" ne semble pas signifier laisser-aller. "Toute mesure sanitaire qui sera inscrite dans les textes sera susceptible d'être contrôlée", a sobrement indiqué à l'AFP le ministère des Transports.

Victoria Beurnez