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Transports

TER: la Bourgogne Franche-Comté entend ouvrir la totalité de son réseau à la concurrence

Une décision qui doit prendre effet à partir du 1er janvier 2026 et qui sucite déjà la forte opposition des syndicats.

L'ouverture à la concurrence dans le train accélère en France. Alors que la SNCF a perdu son monopole sur la ligne à grande vitesse entre Paris et Lyon et sur le TER entre Marseille et Nice, une autre région a décidé d'ouvrir ses lignes.

Et la Bourgogne Franche-Comté n'entend pas faire les choses à moitié. Le Conseil régional a décidé pour la première fois d'ouvrir la totalité des lignes TER à partir du 1er janvier 2026, soit 17 lignes et quasiment 2000 kilomètres de rail. C'est aussi la première fois qu'une région dirigée par une alliance de gauche vote une telle décision.

Une fois les appels d'offres passés (ils seront lancés l'année prochaine), l'ouverture à la concurrence coïncidera avec la fin de la convention qui lie la SNCF à la Région.

Une première pour une région dirigée par la gauche

La décision de la région, présidée par la socialiste Marie-Guite Dufay est loin de faire l'unanimité. Pour Muriel Ternant, cheffe de file du groupe communiste au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (qui appartient à la majorité), "on sait déjà que multiplier les opérateurs, ouvrir à la concurrence, ça va comporter des dégradations avec des pertes de mutualisation avec les différentes lignes, un coût supplémentaire. Il va falloir gérer des complexités, gérer des interfaces. Il y aura sans doute aussi un problème d'élaboration de l'offre de transport qui va devenir compliqué."

Et d'ajouter: "Ce projet est sans précédent, il arrive au moment où des pays sont en train de rebrousser chemin, la Belgique, l’Angleterre, la Norvège…"

Même tonalité de la part des syndicats de cheminots qui ne veulent pas entendre parler d'ouverture à la concurrence. "Cela ne coûtera pas moins cher et ça ne rendra pas service à la population", a dénoncé Jean-Christophe Gossart, numéro un régional de la CGT Cheminots, premier syndicat à la SNCF. Selon Ville, Rail et Transport, la CFDT-Cheminots critique, "le choix politique" de la Bourgogne-Franche-Comté et va contester ce choix en justice. Notamment parce que cette décision n'a jamais fait partie du programme de Marie-Guite Dufay lorsqu'elle était candidate à la présidence de la région.

Obligation européenne

Cette dernière explique qu'il s'agit d'appliquer la loi et promet "un service aux usagers amélioré et une offre encore plus adaptée". Rappelons que le droit européen impose la mise en concurrence du trafic ferroviaire régional à partir de décembre 2023.

Reste à savoir si ces lignes désormais ouvertes à la concurrence sont suffisamment attractives pour des opérateurs tiers. Sont régulièrement cités Keolis (filiale de la SNCF), Transdev qui a remporté le lot entre Marseille et Nice et la RATP Dev. L'investissement sera lourd: achat de trains et éventuel transfert des cheminots de la SNCF concernés.

La SNCF entend également se battre pour conserver ses lignes comme elle l'a fait en région PACA où elle a conservé un des lots mis sur le marché, le moins rentable où elle était en fait seule à concourir...

L'opérateur historique peut également espérer sauver son monopole à travers un article de loi qui autorise toute région à re-signer avec la SNCF, avant le 25 décembre 2023. De quoi repousser une éventuelle ouverture à la concurrence aux calendes grecques, soit jusqu'en 2033...

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business