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SNCF: les tarifs du TGV vont augmenter de 5% en moyenne dès le 10 janvier

La SNCF - qui met en avant une augmentation de ses coûts de 13% - va également rendre moins attractives les conditions d'échange et de remboursement des billets. Les pros vont aussi devoir passer à la caisse.

Comme beaucoup d'entreprises, la SNCF subit la double peine de l'inflation: sur ses dépenses énergétiques (l'opérateur est le premier consommateur industriel d'électricité) et sur ses autres postes de dépenses.

Pour 2023, elle a déjà fait ses comptes: "entre l'explosion des prix de l'énergie (+180%) et l'inflation sur les autres postes, nos coûts augmenteront de 13%", a annoncé Christophe Fanichet, patron de SNCF Voyageurs, lors d'une conférence de presse ce vendredi. Si SNCF Voyageurs répercutait sur ses prix l’intégralité de l’augmentation de ces coûts, l’augmentation des prix devrait donc être de près de 13% l'an prochain.

Une hausse moyenne de 5% des prix des billets

Pressée par le gouvernement de modérer les hausses des prix des billets et effrayée de voir l'attractivité du train s'éroder si les prix augmentent trop (et donc les volumes de ventes), la SNCF a tenté de ménager la chèvre et le chou en présentant son bouclier tarifaire pour l'an prochain.

"Nous allons limiter la hausse des prix des billets des TGV à +5% en moyenne en 2023", annonce le PDG. Cette hausse sera appliquée à partir du 10 janvier 2023.

La compagnie supportera le reste de la hausse. "C'est un coût de plusieurs centaines de millions d'euros pour la SNCF", poursuit-il.

Ces billets et cartes qui n'augmenteront pas

La SNCF a cependant choisi de ne pas augmenter certains tarifs, notamment les moins élevés (donc ceux achetés le plus en avance) en y appliquant un bouclier.

"Les prix minimums TGV et TGV Ouigo n'augmenteront pas, les grilles de prix Ouigo n'augmenteront pas et il y aura toujours 1 million de billets par mois à moins de 25 euros. Les bénéfices de la carte Avantage (4 millions de clients) seront maintenus", précise ainsi Alain Krakovitch, directeur des TGV/Intercités.

Les prix des abonnements Max Jeune et Senior resteront bloqués à 79 euros par mois, tout comme le prix de la carte Avantage à 49 euros.

Ces billets qui augmenteront bien plus

Néanmoins, dans cette annonce d'une hausse moyenne limitée à 5%, le mot à retenir est "moyenne". Il faut donc bien comprendre qu'il y aura des hausses inférieures mais aussi supérieures en fonction des destinations, des dates et des profils des voyageurs mais aussi parce que les tarifs minimums n'augmenteront pas.

Ainsi, un tarif vers Rennes par exemple peut varier de 16 à 90 euros. Le prix minimum ne bougera donc pas, les paliers maximums évolueront à la hausse mais cette hausse pourra être supérieure à 5%. Tout dépendra de différents critières de remplissage et de dates, c'est le fameux yield management. Mais avec 4000 trajets possibles, difficile de donner des chiffres, explique la SNCF.

Les professionnels qui sont déjà les principaux contributeurs aux revenus de la SNCF devront également mettre la main à la poche. Les tarifs Business Première ou encore les contrats passés entre l'opérateur et des entreprises augmenteront également en moyenne de 5%. Pour la SNCF qui cherche à tout pris à faire revenir ces clients, le risque de voir une certaine dynamique se retourner est réel. Les abonnements Max Actifs et Actifs+ augmenteront également de 5%.

Enfin, cette augmentation moyenne de 5% devrait également s'appliquer aux trains Intercités, ce qui aménerait à une hausse des prix sur ces trains aux tarifs moins onéreux que le TGV. Mais la décision relève de l'Etat. "On devrait avoir les mêmes modalités", assure néanmoins Alain Krakovitch.

Concernant les offres internationales, pour les trajets réalisés sur le territoire français, la politique tarifaire évoluera de la même façon que pour les TGV en 2023.  

Les frais d'annulation et d'échange passent à 19 euros

Enfin, et ce n'est pas anodin, la SNCF va également rendre moins attractives les conditions d'échange et de remboursement des billets. La gratuité passe de J-3 à J-6 avant le jour du départ et les frais passent de 15 à 19 euros. Les nouvelles conditions seront mises en place début février 2023.

L'idée est de mettre fin à cette tendance qui consisterait, selon l'opérateur, à réserver plusieurs billets à plusieurs dates et de se faire rembourser par la suite, "des trains affichaient complets alors qu'ils ne l'étaient pas", explique Alain Krakovitch.

Cette nouvelle condition permettra à la SNCF d'avoir le temps de remettre les billets annulés ou échangés sur le marché et d'optimiser le remplissage. Un objectif crucial pour ses finances."L'objectif est de libérer les places suffisamment tôt pour que d'autres clients puissent les racheter", ajoute le responsable.

"Le bouclier permettra de maintenir un prix moyen du TGV en 2023 similaire à ce qu’il était en 2012"

Alors que la perception des consommateurs est celle de hausses déjà importantes de prix (ce que conteste la SNCF qui estime au contraire que les prix ont baissé), pas sûr que l'annonce de ce bouclier rassure.

"Alors que l’inflation aura progressé de 19% depuis 2012, les efforts de SNCF Voyageurs ces dernières années pour baisser les prix des billets TGV et la mise en place du bouclier tarifaire permettront de maintenir un prix moyen du TGV en 2023 similaire à ce qu’il était en 2012", assure au contraire la SNCF.

Autre point de crispation, ce bouclier ne s'appliquera pas aux TER, les trains du quotidien dont les prix sont fixés par les régions après négociations avec la SNCF. En Auvergne-Rhône-Alpes, le conseil régional a ainsi déjà voté une augmentation de 8% à partir du 1er janvier prochain pour les clients occasionnels et de 2,8% pour les abonnés.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business