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Transports

Ryanair mise sur les carburants durables pour atteindre zéro émission en 2050

La compagnie aérienne low-cost n'évoque pas du tout l'avion à hydrogène qui débute ses développements chez Airbus.

Avionneurs et compganies aériennes ont pris un engagement fort: atteindre le zéro carbone net d'ici 2050. Mais chacun compte s'y prendre à sa façon.

Ryanair, le premier transporteur européen, a ainsi présenté son programme "Pathway to Net Zero". Il se divise en 4 axes avec un choix clair: celui des carburants durables (SAF) issus de l'agriculture pour remplacer le kérosène.

Ainsi, la compagnie low-cost estime que 34% de sa décarbonation viendra de l’utilisation accrue de ces carburants. 32% seront issus d'améliorations technologiques et opérationnelles, 24% par la compensation et d’autres mesures économiques et 10% par l’introduction d’une meilleure gestion du trafic aérien.

"Bien que nous ayons déjà parcouru un long chemin, nous continuerons à mener l’agenda de l’aviation durable dans l’aviation européenne, alors que nous nous engageons dans notre ambitieux chemin vers le zéro net d’ici 2050" commente Thomas Fowler, le directeur du développement durable de Ryanair.

SAF: une production trop limitée et trop chère

La compagnie aérienne low-cost n'évoque pas du tout l'avion à hydrogène qui débute ses développements chez Airbus (mais qui ne sera pas une réalité avant au moins une décennie) et mise tout sur les SAF.

Sur le papier, c'est plutôt pertinent puisque ces carburants existent et peuvent alimenter une partie importante des réservoirs des avions en exploitation sans trop de changements techniques. Ils peuvent actuellement être mélangés à hauteur de 50% avec le kérosène d'aviation et l'industrie vise 100% d'ici à la fin de la décennie.

Dans les faits, le recours massif à ces carburants propres est quasi impossible. "L'usage n'est pas limité par des raisons technologiques, mais bien par des facteurs de marché: l'offre insuffisante et les prix encore trop élevés", constatent dans un rapport les députés français Bernard Deflesselles et Nicole Le Peih à l'issue d'une mission d'information sur l'avenir du secteur aéronautique.

Résultat, ils ne représentaient en 2019 que moins de 0,1% de la consommation mondiale de carburant d'aviation.

Objectifs européens pas assez ambitieux

Ryanair dit travailler avec l’UE et les fournisseurs de carburant pour accélérer l’approvisionnement en SAF. Elle a également créé le Centre de recherche sur l’aviation durable en partenariat avec le Trinity College de Dublin afin d'accélérer la R&D autour de ces carburants.

Dans le même temps, la Commission européenne prévoit des obligations graduelles d'incorporation de SAF dans le kérosène d'aviation, allant de 2% en 2025 à 5% en 2030 pour bondir ensuite à 20% cinq ans plus tard et à 32% en 2040 puis 63% en 2050. Une perspective trop lointaine pour les parlementaires qui proposent une obligation d'incorporation à 10% en 2030 et 35% dix ans plus tard "pour envoyer au secteur un signal clair" sur la disponibilité de ces biocarburants et donc la baisse de leur prix.

"Sans impulsion publique, le développement des carburants durables est presque impossible", préviennent les deux députés de la commission des Affaires européennes.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business