Reprise chaotique du trafic entre le Royaume-Uni et la France

Le trafic transmanche reprend avec parcimonie. Chaque chauffeur doit être testé négatif pour revenir de Grande-Bretagne, alors que des milliers de camions sont bloqués outre-Manche.

Le trafic entre le Royaume-Uni et la France a doucement repris depuis cette nuit, notamment à Calais (Pas-de-Calais). Mais avec entre 3000 et 3500 camions stockés le long de l’autoroute M20 ou sur l’aéroport désaffecté de Manston, il faudra clairement des heures, voire plusieurs jours pour que la situation se débloque complètement. Certaines estimations vont même jusqu'à 10.000 camions bloqués à Douvres, soit l'équivalent d'une journée d'échange classique.

Des milliers de camions bloqués

La réouverture annoncée cette nuit ne semblait en effet ce matin que partielle. Selon la communication du port de Calais, le nombre de véhicules légers ayant effectué la traversée vers Calais sur un ferry s'élevait seulement à vingt depuis la reprise, un nombre "infitésimal" par rapport à la normale.

Les ferries n’ont pour le moment transporter que des fourgonnettes ou des remorques seules, remorques chargées sur des tracteurs à l’arrivée à Calais. Et pour cause: pour pouvoir retraverser la Manche, les chauffeurs doivent réaliser un test antigénique pour le Covid-19, test qui doit être négatif.

Entre le moment où il faut faire les tests, le résultat des tests et organiser le chargement des ferrys, cela ne va pas débloquer le port de Douvres avant cet après-midi, et encore petit à petit, explique à BFMTV Jean-Marc Puissesseau, PDG de la Société d'exploitation des ports du détroit. Il faut à peu près une journée pour pouvoir rapatrier 3500 à 4000 camions sur le porte de Calais. Cela va durer 24 heures et le problème c’est que tout le monde va vouloir passer rapidement".

Quelques échauffourées se sont ainsi produits ce matin entre la police britannique et des chauffeurs routiers, pressés de retraverser la frontière, espérant être rentrés chez eux pour Noël. Bloqués depuis dimanche, ils sont souvent sans toilettes ni repas chaud.

"Cela ne se passe pas bien"

Cela ne se passe pas bien", a résumé une porte-parole de la Fédération Nationale des Transporteurs Routiers à l'AFP.

"Notre demande a été entendue dans la mesure où on demandait qu'une procédure simplifiée soit mise en place pour les conducteurs routiers et qu'on ait des tests antigéniques qui puissent être validés et mis en oeuvre côté Royaume-Uni pour organiser le retour de nos conducteurs", a-t-elle reconnu.

Il n'y a toujours pas de tests, ils sont parqués les uns sur les autres, ils n'ont pas d'informations, ils n'ont pas eu pour la plupart d'entre eux de vivres distribuées, poursuit-elle. On se prépare doucement a dire qu'ils ne seront pas rentrés pour Noël".

Les autorités françaises et britanniques se disent mobilisées pour permettre au plus grand nombre de chauffeurs de retrouver leurs proches pour les fêtes. Et c’est sans compter les contraintes qui pourraient peser sur les chauffeurs testés positifs. Il sera soumis à un test PCR et placé à l'isolement dans un hôtel pendant dix jours en cas de nouveau résultat positif, selon les autorités britanniques.

"Il faudra quelques jours pour nous sortir de cette situation, a averti le ministre britannique des Collectivités locales, Robert Jenrick sur la chaîne Sky News. Ce n'est pas un problème qui sera résolu immédiatement".

Un rationnement outre-Manche sur certains produits

Les dirigeants de la grande distribution outre-Manche mesurent également les difficultés possibles des jours à venir.

Jusqu'à ce que le retard soit résorbé et que les chaînes d'approvisionnement retournent à la normale, nous anticipons des problèmes en termes de disponibilité de certains produits frais", a indiqué Andrew Opie, un responsable du British Retail Consortium, organisme représentant les distributeurs.

Face à ce risque, amplifié par les courses de Noël et certains achats panique qui ont laissé vides des étagères de magasins, le géant des supermarchés Tesco a annoncé mardi la mise en place d'un rationnement sur certains produits de première nécessité comme les oeufs, le riz et le savon, limités à trois articles par personne, et même un pour le papier toilette.

https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web