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Renault repasse enfin dans le vert en 2021

Luca de Meo, PDG de Renault, présente la Mégane eVision le 15 octobre 2020 à Meudon dans les Hauts-de-Seine

Luca de Meo, PDG de Renault, présente la Mégane eVision le 15 octobre 2020 à Meudon dans les Hauts-de-Seine - ERIC PIERMONT © 2019 AFP

Après une année 2020 catastrophique, le constructeur français a renoué avec les bénéfices au premier semestre 2021.

Renault va mieux. Après deux années consécutives de pertes et surtout une année 2020 catastrophique – à la même période l’an dernier, le groupe au losange annonçait près de 7,3 milliards d’euros de pertes – Renault rebondit enfin. Le constructeur a annoncé ce vendredi un bénéfice net de 368 millions d'euros au premier semestre.

Suivant la reprise de l’économie mondiale, le chiffre d’affaires a augmenté de 26,8%, à 23,357 milliards d’euros, même s’il reste en dessous de celui du premier semestre 2019 (28 milliards d’euros), avant la crise sanitaire.

Au-delà de la reprise mondiale, le directeur général de Renault Luca De Meo et la directrice financière Clotilde Delbos ont pointé deux éléments moteurs de ce redressement: le plan d’économies de deux milliards et la nouvelle stratégie "Renaulution".

"Le plan Renaulution est lancé et commence à payer", a ainsi affirmé Luca De Meo comme entrée en matière de la conférence de presse.

Les bons résultats du plan d’économies

Le plan d’économies de deux milliards d’euros, lancé en mai 2020 en pleine crise, a notamment permis de faire baisser les coûts fixes. A fin juin, Renault avait déjà réduit ses dépenses de 1,8 milliard d’euros par rapport à 2019. Cette baisse des coûts fixes porte pratiquement pour moitié sur l’ingénierie (42%), notamment en réduisant notamment en simplifiant les gammes des modèles existants et en anticipant des gammes plus simples sur les futurs modèles.

Sur les modèles les plus vendus, Renault annonce ainsi une baisse de 40% de la diversité des versions, de quoi réduire les coûts de production.

"Nous avons réduit nos dépenses en frais fixes plus rapidement, plus profondément que prévu, a poursuivi Luca De Meo. Nous sommes en train de réaliser nos objectifs plus rapidement, un an plus tôt, objectifs que nous avions fixés initialement pour la fin 2022. Nous atteindrons les économies de 2 milliards d’euros d’ici la fin 2021".

Des voitures qui se vendent plus chères

Cette baisse des coûts s’accompagne aussi d’une hausse des prix, quitte à perdre certaines ventes remisées, l’un des piliers du plan "Renaulution". Une hausse que les clients ont eu l’air d’accepter. Si les ventes ne sont en effet pas revenues au niveau de 2019 – 1,42 million de voitures vendues contre 1,94 million au premier semestre 2019 – les véhicules achetés ont été vendus avec les finitions les plus élevées: plus de 85% pour le SUV coupé Arkana, 70% pour le nouveau Captur.

"La marge opérationnelle de l’automobile est revenu dans le vert, nous gagnons de nouveau de l’argent sur notre cœur de métier", a expliqué Luca De Meo. A 2,8%, elle reste loin des 7,5% minimum annoncé par Stellantis, mais les dirigeants de Renault semblent confiants pour conserver ce niveau au minimum sur l’ensemble de l’année.

Un signe encourageant est ainsi le succès de ces nouveaux modèles hybrides rechargeables, qui ont "remplacé" les ventes du diesel, a expliqué Luca De Meo. Ce qui permettra en particulier au Groupe de respecter ses normes environnementales européennes cette année. Ce qui permet aussi d’augmenter les marges, les modèles hybrides rechargeables étant notamment vendus plus cher.

Des résultats sanctionnés par les marchés

"Le pire est derrière nous, mais nous restons prudents", a toutefois précisé Luca De Meo.

Au-delà de la pandémie, le coût des matières premières comme la pénurie de semi-conducteurs inquiètent. Renault estime ainsi que le renchérissement des matières premières sera compris entre 500 et 600 millions d’euros. STMicroelectronics craint ainsi que la situation ne revienne pas à la normale avant 2023.

Le troisième trimestre sera encore difficile en terme d’approvisionnement de puces, préviennent les dirigeants de la marque au losange, mais la situation pourrait s’améliorer au quatrième trimestre, espèrent-ils.

Un espoir que ne semblent pas partager les marchés. Renault perdait 3,58% à la bourse de Paris à la mi-journée. Le niveau de marge très faible par rapport aux concurrents est sanctionné, mais plus globalement, ce sont les sources de profit de Renault au premier semestre qui provoquent la déception des marchés.

"Quand on regarde ça basiquement, c’est plutôt légèrement un peu mieux qu’attendu sur le chiffre d’affaires, la guidance est aussi plutôt encourageante. Mais quand on regarde à la loupe, on voit que cette croissance elle s’obtient essentiellement par la partie "Autres", dans laquelle on met les pièces détachées notamment et la partie réseau de distribution, explique sur BFM Business Ariane Hayate, gérante de fonds chez EDRAM. Quand on remet Renault en perspective Renault dans le marché automobile mondial, Renault n’est pas présent en Chine, ni aux Etats-Unis, donc souffre sur ce niveau- là. Renault n’a pas non plus sorti ces nouveaux produits, on en verra un peu en 2022, et on en verra surtout les effets en 2023".
Par Thomas Leroy et Pauline Ducamp avec AFP