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Le patron d'EasyJet est contre les aides d'Etat qui "faussent la concurrence"

Des avions de la compagnie Easyjet à l'aéroport de Berlin en octobre 2020

Des avions de la compagnie Easyjet à l'aéroport de Berlin en octobre 2020 - John MACDOUGALL © 2019 AFP

Dans un entretien au JDD, Johan Lundgren souligne ne pas être contre les aides d'État mais estime trop élevés les montants versés à certains de ses concurrents historiques.

La pandémie du Covid-19 a précipité les compagnies aériennes au bord du gouffre et pour les maintenir hors de l'eau, les États ont déployé des aides financières massives.

Mais le montant de ces aides agace certains acteurs, notamment les low cost. Dans une interview au JDD, Johan Lundgren patron d'EasyJet, numéro deux européen du secteur, ne conteste pas la légitimité de ces aides: "Nous sommes face à une crise à laquelle aucune société n'était préparée", souligne-t-il.

Mais quand son entreprise reçoit 600 millions d'euros de la Grande-Bretagne contre 10 milliards pour Air France-KLM (versés par la France et les Pays-Bas), Johan Lundgren estime qu'il y a un problème.

"Ce n'est pas juste"

"Quand on voit les montants d'aides accordées à certains, on peut craindre une distorsion de la concurrence. Ce n'est pas juste et nous ne l'accepterons pas. Nous sommes contre les aides d'État qui faussent la concurrence", martèle-t-il.
Et de préciser: "Nous allons regarder si les fonds accordés l'ont été pour vraiment assurer la survie de l'entreprise (Air France-KLM, NDLR) ou bien pour lui permettre de conserver des parts de marché. Dans le second cas, nous prendrons les mesures qui s'imposent."

Traduction: entamer des actions en justice pour faire annuler ces aides comme l'a fait le président de Ryanair Michael O'Leary. Ce dernier estime que ces aides sont "illégales".

"Ces compagnies qui implorent désespérément l'aide me font penser à des junkies qui n'ont pas eu leur dose de drogue", assénait-il en mai 2020 dans un entretien au quotidien La Libre Belgique.

Pour autant, en février dernier, la Cour de justice de l'Union européenne a jugé légales les aides publiques de la France et de la Suède pour sauver leurs compagnies aériennes Air France et SAS, laminées par la crise sanitaire, rejetant des plaintes de Ryanair pour distorsion de concurrence.

On rappellera également qu'en 2019, Ryanair a dû rembourser 8,5 millions d'euros d'aides publiques versées par les autorités locales françaises pour promouvoir l'aéroport de Montpellier. Selon Bruxelles, elles "ont donné à Ryanair un avantage déloyal et sélectif sur ses concurrents et porté préjudice à d'autres régions et aéroports régionaux".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business