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Piste chinoise envisagée dans le dossier d'espionnage à Renault

La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) enquête sur le dossier d'espionnage industriel présumé dans lequel trois cadres de Renault sont mis à pied et soupçonnés, selon une source proche du gouvernement, qui a ajouté qu'une piste chinoise é

La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) enquête sur le dossier d'espionnage industriel présumé dans lequel trois cadres de Renault sont mis à pied et soupçonnés, selon une source proche du gouvernement, qui a ajouté qu'une piste chinoise é - -

PARIS (Reuters) - La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) enquête sur le dossier d'espionnage industriel présumé dans lequel trois...

PARIS (Reuters) - La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) enquête sur le dossier d'espionnage industriel présumé dans lequel trois cadres de Renault sont mis à pied et soupçonnés, a-t-on appris vendredi de source proche du gouvernement.

Une piste chinoise est suivie, mais aucune précision n'a été fournie officiellement dans l'immédiat, a-t-on ajouté.

"La DCRI travaille sur cette affaire. Elle est en contact avec Renault", a dit cette source.

Une autre source gouvernementale a confirmé que l'enquête était ouverte même si elle n'a pas de cadre judiciaire formel.

Le ministre de l'Industrie Eric Besson, qui avait parlé jeudi d'un épisode de "guerre économique", a déclaré vendredi sur France Info que la DCRI n'était pas saisie "officiellement", ce qui sera fait selon lui en cas de plainte.

Interrogé sur la piste chinoise éventuelle, il a ajouté : "Je ne suis pas autorisé à vous dire quoi que ce soit sur le sujet", insistant sur la présomption d'innocence.

La DCRI, particularité française, peut travailler de deux manières, comme service de renseignement sous les ordres direct du pouvoir exécutif ou comme service de police judiciaire sous les ordres de magistrats.

Ni l'Elysée ni Renault n'ont souhaité commenter l'information dans l'immédiat.

Selon Le Point.fr, l'espionnage aurait visé des projets de brevets sur des batteries de voitures électriques et Renault aurait découvert par sa propre enquête que les cadres avaient été payés sur des comptes à l'étranger.

UN AVOCAT NIE LES ACCUSATIONS

Le constructeur automobile, dont l'État français détient 15%, a mis à pied lundi trois hauts cadres, dont un membre du comité de direction, qui avaient connaissance du programme de véhicules électriques. Ils pourraient être licenciés et le groupe a annoncé qu'il porterait plainte.

Me Thibault de Montbrial, avocat de Matthieu Tenenbaum, un des cadres mis en cause, a dit sur RTL que son client ignorait ce qu'on pouvait lui reprocher et parle d'affaire "kafkaïenne".

"Mon client, qui était le directeur adjoint du programme des véhicules électriques chez Renault, s'est retrouvé expulsé en quelques minutes comme un malpropre des locaux de la société Renault lundi", a-t-il expliqué.

"On lui a simplement dit : 'on sait ce que vous avez fait et vous feriez mieux d'avouer', sans lui apporter la moindre explication. Donc il attend qu'on lui explique ce qu'on lui reproche", a-t-il ajouté.

Renault a décidé d'investir quatre milliards d'euros avec son partenaire Nissan sur le véhicule électrique et la société dit qu'ont été mis en danger "ses actifs stratégiques et technologiques", mais refusé de donner des détails.

Si les soupçons étaient avérés, il s'agirait de l'une des plus importantes affaires d'espionnage industriel de ces dernières années en France.

L'ÉLECTRIQUE, UN ENJEU AUSSI EN CHINE

Renault n'a pas précisé les contours de sa future plainte. Les trois cadres du groupe ne peuvent être placés en garde en vue que dans le cadre d'une procédure judiciaire.

Fin 2007, une étudiante chinoise en stage chez Valeo avait été condamnée pour abus de confiance à un an de prison, dont deux mois ferme, pour s'être procurée des documents confidentiels de l'équipementier automobile.

La technologie de la voiture électrique, qui permet de ramener à zéro les émissions de CO2 des voitures, est désormais jugée incontournable par l'ensemble des constructeurs mondiaux et est soutenue par les pouvoirs publics à travers le monde.

L'agence Chine nouvelle écrivait mi-octobre que la production en Chine de véhicules électriques dépasserait le million d'unités d'ici 2020.

Avec un parc automobile en pleine expansion, Pékin cherche à tout prix à juguler des émissions de CO2 qui représentent déjà 70% de la pollution de l'air des grandes villes chinoises.

PSA Peugeot Citroën s'est lancé lui aussi dans l'électrique via son partenariat avec le japonais Mitsubishi.

La France a développé des relations avec la Chine, recevant en grande pompe en novembre son président, Hu Jintao, et signant d'importants contrats.

Nicolas Bertin, Thierry Lévêque, Jean-Baptiste Vey et Gilles Guillaume, édité par Yves Clarisse