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La SNCF exprime ses regrets pour son rôle dans la Shoah

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a exprimé mardi les regrets de la compagnie française pour son rôle dans la déportation de juifs vers les camps d'extermination nazis. /Photo d'archives/REUTERS/Vincent Kessler

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a exprimé mardi les regrets de la compagnie française pour son rôle dans la déportation de juifs vers les camps d'extermination nazis. /Photo d'archives/REUTERS/Vincent Kessler - -

PARIS (Reuters) - Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a exprimé mardi les regrets de la compagnie française pour son rôle dans la déportation de...

PARIS (Reuters) - Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a exprimé mardi les regrets de la compagnie française pour son rôle dans la déportation de juifs vers les camps d'extermination nazis.

En novembre, le dirigeant de la SNCF avait déjà esquissé lors d'un déplacement aux Etats-Unis un changement de discours sur le passé de l'entreprise durant l'occupation nazie.

"Je veux dire aujourd'hui la profonde douleur et les regrets de la SNCF pour les conséquences des actes de la SNCF de l'époque", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

"Je m'incline devant les victimes, les survivants, les enfants de déportés et devant la souffrance qui vit encore", a-t-il ajouté.

La cérémonie était destinée à entériner le protocole entre la municipalité de Bobigny et la SNCF pour transformer en "lieu de mémoire" l'ancienne gare de marchandise de la ville, d'où la plupart des 22.407 internés de Drancy furent envoyés vers les camps de la mort.

Des familles de rescapés aux Etats-Unis et des élus ont sommé la SNCF, candidate à des marchés de lignes à grande vitesse en Floride et en Californie, de s'expliquer sur son rôle dans la déportation des juifs et, éventuellement, d'indemniser les descendants.

Guillaume Pepy a souligné que les chemins de fer de l'époque avaient agi "certes, sous la contrainte" mais qu'ils avaient bel et bien acheminé des déportés.

"Regarder ce passé en face, le connaître, le comprendre, en perpétuer la mémoire, en tirer des leçons de vie, depuis une vingtaine d'années nous parcourons ce chemin", a-t-il dit.

"SOUS LA CONTRAINTE"

Pour Serge Klarsfeld, président de l'association des filles et fils de déportés juifs de France, la SNCF est "attaquée injustement" car la déportation sur le plan ferroviaire "a été essentiellement un phénomène allemand".

"La Deutsche Bahn n'a eu qu'à changer son nom de Reichsbahn en Deutsche Bahn pour être exonérée. En face de la SNCF, il y a Siemens qui a fait travailler dans le système concentrationnaire allemand des dizaines de milliers d'internés", a-t-il dit sur i>Télé.

La compagnie française espère décrocher des contrats aux Etats-Unis en misant sur les projets de réseaux à grande vitesse imaginé dans le cadre du plan de relance du président Barack Obama.

Mardi, en présence de Simone Veil, présidente d'honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, elle-même rescapée des camps nazis, Guillaume Pepy a confirmé les engagements qu'il avait pris en novembre aux Etats-Unis.

En déplacement pour présenter l'offre de la SNCF pour le projet de ligne à grande vitesse Tampa-Orlando, il avait rencontré à Fort Lauderdale des élus de l'Etat de Floride et des associations juives.

Le président de la SNCF avait alors fait part du "souhait de la SNCF d'exprimer sa profonde peine et son regret pour les conséquences de ses actes" réalisés sous la contrainte "de la réquisition."

La société a également créé un site internet en anglais sur le sujet de l'holocauste.

Elle y rappelle le rôle des cheminots dans la résistance et souligne que, sur 450.000 employés de la SNCF à l'époque, seuls 467 ont été frappés d'indignité nationale pour collaboration.

La SNCF n'a jamais été condamnée pour le transport de déportés. Après plusieurs années de procédure, le Conseil d'Etat français a débouté en 2007 le député européen des Verts Alain Lipietz et sa famille, qui estimaient que la société nationale avait un rôle spécifique dans la déportation de parents.

Environ 75.000 juifs de France ont été déportés pendant l'occupation nazie et seuls 2.500 sont revenus vivants des camps de concentration.

Gérard Bon, édité par Yves Clarisse