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La hausse des tarifs de la SNCF fait débat en pleine crise

La hausse de 3,2% des tarifs de la SNCF annoncée pour le 3 janvier prochain, qui cumulera une répercussion de la hausse de la TVA et de l'inflation, suscite un vif débat en pleine crise en France. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé

La hausse de 3,2% des tarifs de la SNCF annoncée pour le 3 janvier prochain, qui cumulera une répercussion de la hausse de la TVA et de l'inflation, suscite un vif débat en pleine crise en France. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé - -

PARIS (Reuters) - La hausse de 3,2% des tarifs de la SNCF annoncée pour le 3 janvier prochain, qui cumulera une répercussion de la hausse de la TVA...

PARIS (Reuters) - La hausse de 3,2% des tarifs de la SNCF annoncée pour le 3 janvier prochain, qui cumulera une répercussion de la hausse de la TVA et de l'inflation, suscite un vif débat en pleine crise en France.

La société nationale a décidé que les tarifs des TGV et des trains interrégionaux Téoz et Lunéa seraient augmentés de 1,7%, soit l'équivalent de l'inflation annuelle.

En outre, la SNCF répercutera la hausse du taux de TVA de 5,5% à 7% décidée par le gouvernement dans le cadre du deuxième plan d'austérité annoncé mi-novembre et destiné à résorber le déficit public français.

La compagnie ferroviaire a justifié cette mesure dans un communiqué en assurant que la répercussion de la hausse de la TVA ne représentait qu'une augmentation moyenne de 60 centimes d'euro du prix du billet pour les voyageurs TGV.

Elle explique par ailleurs qu'elle avait besoin d'argent pour financer la rénovation des lignes et de la flotte TGV, le projet de nouvelle ligne à grande vitesse Rhin-Rhône et les péages élevés versés à Réseaux ferrés de France (RFF).

"Si nous n'avions pas pris cette décision, ça aurait obéré nos capacités d'investissement", a dit un porte-parole.

Pour atténuer cet effet, la compagnie annonce qu'elle va geler les prix des réservations pour les abonnements forfaitaires de TGV, ainsi que pour ceux des étudiants, des élèves et des apprentis.

Manuel Valls, directeur de la communication de François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle, a critiqué ce choix sur RTL mercredi matin. La SNCF est bénéficiaire en exploitation en 2011 et elle a versé un dividende record à l'Etat de 230 millions d'euros.

PAYER DEUX FOIS ?

"Les usagers payent deux fois, à la fois la hausse de la TVA et celle des prix. Il y avait d'autres choix à faire de la part de la SNCF et je m'étonne que le gouvernement n'ait pas réagi", a-t-il dit.

L'Avuc (Association des voyageurs usagers des chemins de fer) avait déploré par avance la volonté de la SNCF de répercuter les deux hausses - de l'inflation et de la TVA - et ses dirigeants annoncent qu'ils appelleront les usagers à ne plus présenter leurs billets aux contrôleurs.

"Cette pagaille aura de lourdes conséquences sur la vie des usagers : surcoûts financiers - garde d'enfants, frais de carburant - tensions familiales, pressions et brimades de la part des employeurs, déclassement voire perte d'emploi, stress grandissant pour tout un chacun", dit cette association dans un communiqué posté sur son site.

La Fédération nationale des associations des usagers du transport (Fnaut) a aussi déploré la hausse mais l'impute à la décision du gouvernement relative à la TVA.

Elle demande que la SNCF maintienne, parallèlement aux lignes à grande vitesse, des services ferroviaires Intercités, plus lents mais aux tarifs plus modiques et lui suggère de renoncer à mettre en place des services d'autocars en remplacement.

Depuis plusieurs années, le débat sur la SNCF et ses missions bat son plein en France. La politique de développement de lignes à grande vitesse est critiquée car, selon les syndicats, elle se fait au détriment des lignes moins rentables, utilisées par des voyageurs aux revenus souvent plus modestes.

Des épisodes de retards record, d'accidents ou d'incidents relancent régulièrement la controverse, les syndicats reprochant à la direction de gérer comme une société privée une compagnie qui reste à leurs yeux un service public non tenu à des objectifs commerciaux.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse