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Incivilités à la SNCF : "les déclarations de Pepy visent un public caricatural"

La ligne du RER B victime d'un énorme blocage le 8 novembre dernier.

La ligne du RER B victime d'un énorme blocage le 8 novembre dernier. - -

L'entreprise publique durcit le ton et fourbit son arsenal répressif. Est-ce suffisant ? BFMTV.com a interrogé la Fédération nationale des associations des usagers.

Une enveloppe de 170 millions d'euros pour 2012, la formation de 10.000 agents aux situations difficiles, l'affectation de 2.700 cheminots à la répression, le plan de lutte contre les incivilités annoncé lundi par le président de la SNCF Guillaume Pepy est ambitieux. Mais est-il suffisant ? Fabrice Michel, porte-parole de la Fédération nationale des associations des usagers des transports (FNAUT) nous livre son éclairage sur la question.

"S'adresser à l'ensemble des usagers"

Fabrice Michel prévient : "Toute initiative de la SNCF pour informer ses usagers est bonne à prendre, même si celle-ci est un peu limitative." Son propos n'est donc pas de juger au fond de la pertinence des amendes infligées aux usagers. "La question de la répression n'est pas à remettre en cause, c'est plutôt la pédagogie en amont qui est à améliorer", explique-t-il.

"Nous à la FNAUT, on a noté que les déclarations de Guillaume Pepy visaient surtout un public caricatural des jeunes de banlieue qui naviguent par bandes dans les réseaux de trains. On souhaiterait que la pédagogie de la SNCF sur les incivilités s'adresse à l'ensemble des usagers. Menacer du bâton, ça parle au public le plus rétif à la vie en groupe, mais ça ne règle pas le problème de l'incivilité commise par monsieur Tout-le-monde, parfois par simple manque d'information", continue-t-il.

Le but serait de faire en sorte que tous les usagers "soient conscients des conséquences de leurs actes quand ils tirent la sonnette d'alarme ou descendent sur les voies". Ce problème avait été notamment observé le 8 novembre dernier, quand une immense pagaille avait touché quelque 50.000 voyageurs, bloqués pendant des heures.

Chronique "manque d'information des voyageurs"

Pour Fabrice Michel, la SNCF pâtit des deux mêmes problèmes que sont "les questions d'information du voyageur et la régularité" du trafic. "C'est une équation que la SNCF cherche à résoudre en permanence" ajoute-t-il. "Le malaise est donc plus global et "on ne peut pas montrer du doigt aveuglément l'ensemble des usagers, ces incivilités ne sont qu'une partie des problèmes que doit régler la SNCF". C'est l'évidence, les incivilités concernent les zones où le trafic est le plus tendu.

Le porte-parole de la FNAUT souligne que la SNCF doit s'efforcer de mieux communiquer. Pour cela, il prend l'exemple du numéro d'urgence pour les victimes d'incivilités qui est maintenant étendu à l'ensemble du territoire. Problème, qui connaît ce 3117 ? "Ils ont mis en place un numéro d'appel d'urgence, c'est bien gentil, mais c'est à la SNCF de le faire connaître. Très peu de gens le connaissent par cœur, il faudrait que ce soit un numéro à l'égal du 18 ou du 15 dans l'esprit des gens", commente-t-il. Selon lui, c'est à la SNCF de mener une communication "dynamique" d'aller "au-devant des usagers" et non à eux de de se renseigner pour savoir "comment utiliser un signal d'alarme ou comment se faire rembourser ou indemniser en cas de perturbations".

Responsabilité partagée entre les clients, la SNCF et Réseau Ferré de France ? Le débat est sans doute loin d'être clos.