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Grève à la SNCF: faut-il craindre de nombreuses annulations de trains pour les vacances de février?

Les contrôleurs de la SNCF menacent de faire grève les 16, 17 et 18 février, soit un week-end de vacances scolaires sur une bonne partie du pays. Quelles en sont les raisons?

Inquiétudes pour les départs en train des vacances d'hiver. Les contrôleurs de la SNCF menacent en effet de faire grève les 16, 17 et 18 février, soit en plein week-end de départs en vacances pour les académies de Besançon, Dijon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Limoges et Poitiers.

Ce week-end se situe également au beau milieu des vacances scolaires des académies de l'Ile-de-France ainsi que de Montpellier et Toulouse.

Nicolas Doze : La grève à la SNCF est-elle justifiée ? - 22/12
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Réunis dans le collectif CNA-ASCT (Agents du service commercial trains) qui agit de manière indépendante des syndicats officiels de la SNCF, ce mouvement était à l'origine de la grande grève de décembre 2022 qui avait laissé sur le carreau environ 200.000 voyageurs.

Rappelons qu'un train sans chef de bord (les fameux contrôleurs) ne peut tout simplement pas rouler.

Les chefs de bord se considèrent comme dénigrés

A quoi faut-il s'attendre? Cela fait (encore) plusieurs mois que la colère monte chez ces salariés. En cause, des engagements pris par la direction justement au sortir de la grève de décembre 2022 basées sur les revendications des chefs de bord.

Le collectif, qui avait été mis en pause fin 2022, est ulcéré que ces engagements signés concernant notamment de nouvelles modalités sur la fin de carrière ne soient toujours pas appliqués comme l'élargissement de la CPA, la cessation progressive d’activité.

Les contrôleurs considèrent que les contraintes liées à leurs activités (déplacements, travail le week-end, congés imposés, pénibilité) ne sont pas prises en compte lors de leur départ en retraite. Tout comme une prime qui n'est pas prise en compte dans le calcul de leurs pensions, or cette prime représenterait une part très importante du salaire des chefs de bord en fin de carrière.

L'accord stipulait également que la direction devait spécifiquement recevoir les représentants des chefs de bord dans les six mois qui suivait l'accord de décembre 2022. Ce qui n'a pas été fait.

Mais au-delà de ces revendications, c'est le manque de considération qui est à nouveau dénoncé haut et fort.

"La colère monte depuis 2007 en réalité avec la dégradation de nos conditions de travail, la question de l'avancement, la hausse de la pénibilité du travail de contrôleur et toujours plus de responsabilités. En fait, la non reconnaissance des difficultés de notre métier. On considère qu'il y a une vraie maltraitance de la part de la direction et un vrai manque de dialogue social", nous expliquait fin 2022 un des fondateurs du collectif CNA-ASCT qui compte à ce jour 3.700 membres sur Facebook.

Selon nos informations, le mouvement est pour le moment très suivi. En région PACA par exemple, on serait à plus de 50% de "DII", les déclarations individuelles d'intentions (qui doivent être déposées 48h au plus tard avant le début d'un mouvement de grève), un taux qui pourrait monter rapidement à 80%.

Rapport de force favorable aux contrôleurs

Objectif: "forcer la direction à appliquer ses engagements", nous explique-t-on.

Contactée par BFM Business, la SNCF se dit sereine.

"Les échanges avec les organisations syndicales sont en cours. Par ailleurs plus globalement un agenda social à l’échelle du groupe a été adressé aux organisations syndicales et permettra d’avancer dans le dialogue sur les différents sujets évoqués, dont celui de la prise en compte de la pénibilité. Il est trop prématuré pour en dire plus à ce stade", indique un porte-parole.

On notera que la direction ne négocie pas directement avec le collectif. N'étant pas reconnu officiellement, il doit donc s'appuyer sur les syndicats pour porter ses revendications. En l'occurrence c'est Sud Rail qui est à la manœuvre et qui a déposé les préavis tout comme la CGT et FO.

En ligne de mire: les Jeux olympiques

Si la menace de grève massive est à prendre au sérieux, à ce jour, il s'agit avant-tout pour le collectif de faire pression et de profiter d'un rapport de force qui lui est favorable: proximité des vacances scolaires, perspective des Jeux olympiques. En d'autres termes, le contexte fait que la direction est plus encline à faire évoluer ses positions.

"L'idée générale étant une levée des préavis 24/48h avant l'échéance dans le cas ou la direction applique enfin ces engagements", explique une source.

Reste que face au malaise social, certains se disent prêts à un mouvement très dur. "Nous sommes prêts à aller jusqu’aux JO", déclare un membre du collectif à Ville Rail et Transports, évoquant "un coup de semonce" pour ces congés de février.

Le malaise touche d'ailleurs aussi les conducteurs qui font pression sur la direction à propos des augmentations de salaires à quelques mois des Jeux Olympiques.

"Conscients que les syndicats prendront leur chèque pour que tout se passe bien, les agents semblent prêts à assumer des absences irrégulières en dehors de tout préavis", nous expliquait il y a peu un conducteur de la SNCF.

Et de poursuivre: "Si les agents et syndicats ont décidé d'épargner Noël, les JO restent très compromis, les agents épargnent des congés payés sur les CET (compte épargne temps) pour financer un mouvement extrêmement dur".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business