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Ferroviaire: après Paris-Lyon, l'espagnol Renfe veut rouler sous la Manche vers Londres

Un train Eurostar dans le tunnel sous la Manche, le 10 avril 2014. (Illustration)

Un train Eurostar dans le tunnel sous la Manche, le 10 avril 2014. (Illustration) - Denis Charlet - AFP

L'opérateur confirme avoir engagé des discussions avec Eurotunnel pour exploiter les créneaux de circulation encore disponibles dans le tunnel.

La Renfe, l'opérateur ferroviaire historique espagnol, nourrit de grandes ambitions pour la France. Le groupe se prépare à concurrencer la SNCF sur l'axe à grande vitesse Paris-Lyon et jusqu'à Milan (même si aucun calendrier n'est encore annoncé) et se verrait également se frotter à Eurostar (Getlink) dans le tunnel sous la Manche.

La compagnie a en effet "engagé les contacts préliminaires pour pouvoir concurrencer" la filiale à 55% de la SNCF, a indiqué l'entreprise à l'AFP, confirmant une information du quotidien espagnol El Pais.

"Actuellement, il y a des créneaux disponibles et la capacité d'opérer" sur cette "ligne à grande vitesse", a ajouté la Renfe, en précisant avoir effectué une étude de marché montrant qu'il serait "rentable" pour l'entreprise de faire circuler de tels trains.

9 millions de voyageurs par an avant la pandémie

Avant la pandémie, la ligne était utilisée chaque année par 9 millions de voyageurs mais le trafic s'est depuis écroulé, forçant Eurostar à demander une aide pour éviter la faillite. Depuis que les restrictions ont été levée côté britannique, la fréquentation se redresse et la Renfe estime que la croissance par rapport au trafic pré-crise sera au rendez-vous en 2022.

Le groupe prévoit d'opérer sur cette ligne avec "son propre matériel", en débutant avec "un minimum de sept trains". "Dans un second temps, le service pourrait être étendu à de nouvelles destinations françaises et internationales", indique l'entreprise.

Eurostar, filiale de la SNCF à 55% et de Getlink verrait d'un bon oeil cette arrivée car elle pourrait être source de revenus supplémentaires. Eurotunel serait ainsi "très intéressé par le développement du projet" affirme le groupe espagnol.

Rappelons qu'en France, la Renfe entend profiter de la libéralisation du marché de la grande vitesse ouvert à la concurrence depuis décembre 2020. Pour le moment, elle a officialisé l'ouverture d'une succursale à Paris pour préparer son arrivée sur le marché.

Des TGV mais aussi des trains régionaux

"Avec la libéralisation du transport ferroviaire de voyageurs, Renfe mène des actions en France pour le lancement de services à grande vitesse et la fourniture de services publics", peut-on lire dans un communiqué.

Depuis le 13 décembre 2020, tout opérateur peut être en effet autorisé à faire circuler des trains sur l’ensemble du territoire, y compris sur les axes les plus rentables tels que: Paris – Lyon, Paris – Lille, Lyon – Marseille, et Paris – Bordeaux, et ce, dans les mêmes conditions que la SNCF.

Le transporteur entend d'abord se positionner sur un de ces axes à grande vitesse, à savoir Paris-Lyon-Marseille. Mais l'opérateur annonce également "la fourniture de services publics (dans le Grand-Est et régions des Hauts de France)", soit des liaisons régionales également ouvertes à la concurrence.

Et de souligner que "le marché français est considéré comme une priorité pour son expansion internationale". Reste que pour le moment, l'opérateur ne donne pas de calendrier, ni le type de train qu'il compte faire rouler, ni l'approche commerciale choisie.

Un autre opérateur est lui bien plus avancé: Trenitalia devrait faire rouler son train à grande vitesse sur l'axe Paris-Lyon-Turin-Milan entre la fin 2021 et le début 2022.

Olivier Chicheportiche avec AFP