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Transports

Comment la France veut contribuer à verdir le transport aérien

Ce vendredi, Emmanuel Macron a dévoilé le plan avion "zéro émission". L'Etat va soutenir financièrement la filière pour faire avancer les divers projets existants.

Le salon aéronautique du Bourget ouvre ses portes ce lundi et, en amont de ce grand rendez-vous mondial où les compagnies annoncent souvent d’importantes commandes d’avions, Emmanuel Macron a dévoilé ce vendredi le plan de la France pour verdir le transport aérien. L’Etat va aider les divers projets en cours à raison de 300 millions d’euros par an jusqu’en 2030. Seront notamment soutenues financièrement les start-up françaises qui planchent sur les petits avions électriques.

Nombreux sont les projets de ce type lancés ces dernières années. Le plus important est celui du toulousain Aura Aero avec un avion hybride baptisé ERA. Conçu pour transporter 19 passagers, il pourra voler à 450km/h sur une distance de 1600 kilomètres. Le projet est bien avancé. Le premier vol d’essai est prévu pour l’année prochaine et la mise sur le marché doit intervenir en 2028. Avec déjà beaucoup de clients. Près de 350 exemplaires ont été pré-commandés.

Un avion français hybride qui pourra voler à 463 km/h

Deuxième exemple: l’avion de Volt Aero une entreprise implantée près de Royan (17). Ses ingénieurs travaillent sur deux versions hybrides. Dans le plus petit modèle, conçu pour voler à 370km/h, cinq passagers pourront prendre place. La version XL est prévue pour 12 passagers. Vitesse annoncée: 463km/h. Dans les deux cas, le rayon d’action ne dépassera pas les 1200 kilomètres.

Le recours à l‘hydrogène est également une piste sur laquelle de nombreux ingénieurs travaillent. Ceux d'Airbus bien entendu mais aussi ceux d’un autre entreprise toulousaine bien plus modeste. Blue Spirit Aero entend produire un petit avion à hélices (douze au total) baptisé Dragonfly. Il pourra transporter quatre passagers à une vitesse maximale de 230km/h pour des vols ne durant plus de trois heures. Le premier vol d'essai est prévu pour 2024.

Une usine près de Pau pour transformer en carburant les déchets de la sylviculture

On le voit, pour le moment, aucun des avions qui pourraient commencer à voler d’ici la fin de cette décennie ne sont conçus pour traverser l’Atlantique. Et donc, pour réduire leur empreinte carbone, les compagnies aériennes misent surtout sur des alternatives au kérosène. Du carburant fabriqué avec des déchets (de la biomasse) ou même totalement synthétique. Dans le jargon aérien on les appelle les SAF (acronyme de l’anglais sustainable aviation fuel).

Pour l’instant, seule une faible quantité de ces carburants non issus du pétrole est ajouté au kérosène. Pour des raisons de prix (ils coûtent bien plus cher) et de disponibilité. Et la France n’a sur son territoire aucun grand site industriel dédié à la production de SAF. Le plan présenté par Emmanuel Macron prévoit donc d’aider à la construction d’une première usine à Lacq, près de Pau (64). Elle devrait entrer en service en 2027. A la clé, 700 emplois directs.

La matière première pour produire ce carburant sera pour l’essentiel du bois issu de la sylviculture locale qui ne peut pas servir à construire des meubles ou des charpentes. Cette future usine pourrait produire annuellement 75.000 tonnes de ce carburant d'origine végétale. Pour avoir une idée de ce que cela représente, sachez qu'un avion de ligne consomme autour de dix tonnes de carburant par heure de vol.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco