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Pour le patron de Boeing, les carburants durables ne seront "jamais" moins chers que les carburants classiques

Dans le Financial Times, le directeur général du constructeur, David Calhoun, estime que les prix des carburants d'aviation durables (SAF) ne seront "jamais" au niveau des prix des carburants traditionnels.

David Calhoun met en garde l'industrie du transport aérien. Dans le Financial Times, le directeur général de Boeing estime ce mardi qu'il n'y a pas de moyen bon marché de décarboner le secteur. Selon lui, les prix des carburants d'aviation durables (SAF) à base d'huiles ou de graisses traitées ne descendront "jamais" au niveau des prix des carburants classiques à base de kérosène.

Si les biocarburants deviendront de moins en moins cher grâce aux économies d'échelle, "je pense que nous n'atteindrons jamais le prix du Jet A (carburant le plus répandu de type kérosène, NDLR). Je ne pense pas que cela arrivera un jour", déclare David Calhoun.

Les SAF représentent aujourd'hui moins de 1% de la consommation mondiale de l'aviation en carburant et sont au moins deux fois plus chers que les carburants traditionnels.

Les déclarations du patron de Boeing interviennent alors que le transport aérien est sous la pression des pouvoirs publics, américains et européens notamment, qui l'incitent à accélérer sa transition verte et réduire son empreinte carbone. L'aviation commerciale est en effet souvent montrée du doigt pour son impact environnemental. En France, le secteur représenterait environ 5% des émissions de CO2.

L'aviation d'affaires dont le salon organisé à Genève a été perturbé ce mardi par des activistes est aussi dans le collimateur des défenseurs du climat. En France, les députés écologistes ont présenté en mars une proposition de loi (non adoptée) visant à interdire les jets privés.

"Zéro émission nette de CO2" en 2050

Les acteurs du transport aérien ne manquent pourtant pas d'ambitions. Fin 2021, les compagnies aériennes du monde entier se sont engagées ce lundi à atteindre "zéro émission nette de CO2" d'ici à 2050 pour lutter contre le réchauffement climatique.

Cet objectif "audacieux" est aussi une "nécessité", qui va "assurer la liberté de voler des générations futures", avait argumenté le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata), Willie Walsh, face aux dirigeants du secteur réunis à Boston (Etats-Unis).

Pour atteindre leur but, les compagnies comptent à 65% sur les SAF, mais aussi sur une meilleure efficacité opérationnelle (trajectoires, opérations au sol...) ainsi que sur un système de capture de carbone et des échanges de quotas d'émission. Coût estimé par l'Iata: 1550 milliards de dollars sur 30 ans.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco