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Salaires et pouvoir d'achat: les pistes de Bercy

Bruno Le Maire recevait ce lundi les représentants du patronat afin de définir les grandes lignes des mesures qui visent "à protéger les Français".

L'Etat ne peut pas tout face à l'inflation. C'est en substance le message que s'est attaché à faire passer Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, des Finances et de la souverainté industrielle et numérique ce lundi lors d'une table-ronde avec les représentants du patronat (Medef, CPME, U2P...).

Pour "protéger les Français" et améliorer le pouvoir d'achat, le locataire de Bercy a rappellé au monde de l'entreprise que l'Etat avait déjà mis en place de nombreuses mesures d'amortissement comme le bouclier sur le prix de l'énergie, la remise de 18 centimes à la pompe, la prochaine indexation des retraites sur l'inflation...

Le ministre concède néanmoins que "le travail doit permettre de vivre dignement et nous n'y sommes pas tout à fait". "Je pense que c'est bien que les salaires puissent augmenter dans les entreprises qui en ont la possibilité", a déclaré le ministre, ajoutant qu'"il faut nos compatriotes se disent, "ça me rapporte de travailler", et pas "ça me coûte cher"" à cause du prix de l'essence.

Aux entreprises de prendre la main. "La réponse à l'inflation doit être équitablement partagée, ça ne peut reposer uniquement sur l'État".

Bruno Le Maire n'appelle pas cependant à une hausse généralisée et administrée des salaires, "ce n'est pas comme ça que ça marche et ce n'est pas cela qui serait efficace mais il faut employer tous les instruments", a-t-il répété. Et certains instruments sont entre les mains des dirigeants des entreprises.

"Il faut utiliser tous les instruments"

"Les entreprises qui font de la marge peuvent augmenter les salaires et doivent entamer les négociations comme dans l'hôtellerie-restauration", plaide-t-il.

"Pour celles qui ne peuvent pas le faire, ou qui ne peuvent pas se projeter à deux ou trois ans comme dans le bâtiment, il est légitime d'utiliser d'autres instruments, poursuit-il, notamment la prime Macron. Elle est portée à 6000 euros, elle est défiscalisée, elle est efficace, j'invite à la verser à tous les salariés qui le méritent".

Par ailleurs, Bercy veut accélérer sur l'intéressement et la participation, notamment dans les petites entreprises. Un intéressement que certains patrons voudraient voir individualisé, pour mieux récompenser certains salariés.

Autre proposition faite par le patronat: la prime à l´apprentissage pourrait à nouveau être prolongée, au-delà de fin juin. Bruno Le maire a toutefois souligné, que si le dispositif est certes efficace, il coûte cher. La prime s'élève aujourd'hui à 5000 euros pour les apprentis mineurs et 8000 pour les majeurs. Si elle doit être reconduite, elle pourrait être moins généreuse.

Parmi les pistes encore évoquées ce soir: Bruno Le Maire semble avoir accueilli favorablement les propositions de la CPME sur les heures supplémentaires. "Si on peut mieux faire, on reprendra ces propositions intéressantes de la CPME", a affirmé Bruno Le Maire.

Aucune solution exclue

Aucune piste ne semble exclue à l'issue de cette première réunion, plutôt cordiale, ont confié des participants à BFM Business. "Je suis prêt à simplifier drastiquement les dispositifs, a de son côté avancé Bruno Le Maire, en réponse aux demandes des chefs d'entreprises. Toutes ces mesures de simplification doivent rendre le capitalisme plus juste".

Une nouvelle réunion est prévue avant la présentation du projet de loi pouvoir d'achat, c'est-à-dire avant les élections législatives.

Olivier Chicheportiche avec Caroline Morrisseau