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Prix de l'énergie, recrutement... Inquiets, les patrons se préparent à des mois difficiles

Une étude de la Fondation MMA Entrepreneurs révèle que les chefs d'entreprise sont de plus en plus inquiets au sujet de l'avenir de leur activité. Cependant, un nombre croissant d'entre eux préparent des solutions pour y répondre.

Les chefs d'entreprise sont touchés par le contexte mais ont de la suite dans les idées pour ne pas rester passifs. Voici le principal enseignement du huitième baromètre annuel de la Fondation MMA Entrepreneurs publié ce lundi, réalisé en partenariat avec l'institut de sondages OpinionWay, et qui porte sur la "forme et l'état d'esprit des dirigeants". Pas moins de 1.500 d'entre eux ont été interrogés cet été dans le cadre de cette enquête, qu'ils soient à la tête de TPE, PME ou d'ETI.

Une source d'opportunités pour les plus jeunes

Dans la foulée d'une pandémie de coronavirus qui pourrait ne pas avoir dit son dernier mot et alors que la guerre se poursuit en Ukraine depuis maintenant sept mois, un dirigeant français interrogé sur trois (34%) appréhende les prochains mois avec incertitude. Ils sont néanmoins 41% à envisager l'avenir sous une forme de continuité, tandis que 12% d'entre eux perçoivent le contexte actuel comme une source d'opportunités, ce pourcentage grimpant à 22% chez les chefs d'entreprise de moins de 35 ans. De l'autre côté du spectre, ils sont 11% à qualifier cette période de "risquée".

Cette répartition se retrouve dans les données relatives à l'état d'esprit des dirigeants puisque la moitié d'entre eux (52%) se montrent motivés et confiants quand un peu moins d'un tiers (31%) font plutôt preuve d'attentisme. Conséquence d'un contexte économique particulièrement critique pour les petites structures, l'étude indique que "15% des chefs d’entreprise de TPE font état d’un sentiment de découragement, ne souhaitant plus lancer de nouvelles initiatives."

"Dans le contexte social, économique et géopolitique actuel particulièrement incertain, la proportion de chefs d’entreprise à se dire inquiets augmente de 10 points sur un an pour atteindre 49%", ajoute le baromètre.

Un phénomène qui est d'autant plus marqué chez les agriculteurs (81%).

Les problèmes de recrutement gagnent du terrain

Plusieurs facteurs alimentent cette inquiétude des dirigeants dont deux en particulier qui sont évoqués par deux tiers des chefs d'entreprise: l'augmentation des coûts de fonctionnement de l'entreprise, liée à la flambée des prix de l'énergie et l'inflation globale, ainsi que le climat social qui pâtit de cette hausse des prix. Par ailleurs, les difficultés d'approvisionnement demeurent toujours une source de préoccupation pour 58% des dirigeants interrogés.

Alors que la Grande Démission semble avoir traversé l'Atlantique et gagné le marché du travail hexagonal, le recrutement devient un enjeu de plus en plus sensible pour 50% des décideurs, soit une augmentation annuelle de 8 points.

Le sujet est "d’autant plus problématique chez les ETI qui sont 80% à évoquer cet enjeu" ajoute l'étude.

Suivant cette vision de la situation actuelle et afin de pérenniser leur activité, une majorité de dirigeants entreprend d'activer différents leviers d'action en tête desquels figurent la rationalisation des coûts (62% des sondés) et les circuits courts (59%). "In fine, 70% des dirigeants prévoient d’intégrer à leur plan d’action au moins une mesure qui répond aux enjeux RSE" (responsabilité sociétale des entreprises), souligne le baromètre.

L'équilibre entre vie personnelle et professionnelle bousculé

La crise du Covid-19 a mis un coup de projecteur sur les problématiques relatives au rapport entre vie personnelle et professionnelle et l'étude incorpore ce volet dans son rendu. Il en ressort que les actions entreprises par les dirigeants pourraient s'appliquer au détriment de l'équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Deux chefs d'entreprise sur trois (66%) envisagent de faire primer leur vie professionnelle sur leur vie personnelle, soit une hausse de 11 points par rapport à 2021, avec des disparités selon les structures qu'ils dirigent (54% pour les ETI contre 66% pour les TPE et PME).

Malgré cette priorité accordée à la sphère professionnelle, les dirigeants font part d'un sentiment de soutien de la part de leurs proches (91%), de leurs équipes (81%) ainsi que de leurs clients et partenaires (75%). A l'heure où les difficultés économiques s'amoncelent pour les entreprises, "58% des sondés pointent un manque d'adhésion des institutions" telles que les banques ou les administrations. Un pourcentage davantage exacerbé auprès des petites structures, davantage en difficultés à ce niveau, puisque 63% des dirigeants d'ETI évoquent au contraire un soutien de ces acteurs.

Des troubles physiques en hausse

Pour échapper ponctuellement à la sphère professionnelle, les mêmes remèdes "classiques" sont prisés par les chefs d'entreprise. Il s'agit des moments en famille pour une très large majorité d'entre eux (88%) mais aussi des loisirs culturels (71%) ou sportifs (70%). Toutefois, ils sont plus nombreux qu'en 2021 à "n'avoir mis en place aucune démarche pour prendre soin d'eux" (28% en 2022 contre 20% l'année dernière), une recrudescence qui pourrait s'expliquer par le retour sur site.

Toujours est-il que cette évolution se manifeste par une progression des troubles physiques qu'il s'agisse du mal de dos (+6 points), des douleurs articulaires (+8 points) ou encore des troubles oculaires (+4 points).

"69% des sondés évoquent au moins un trouble de santé et citent en moyenne un peu plus de 3 types de maux, résume l'étude. Les dirigeants d’ETI sont plus épargnés. 43% disent n’avoir ressenti aucun trouble en 2022 contre 31% au global."

Outre les répercussions physiques, les dirigeants n'échappent pas aux traditionnels fléaux qu'exacerbe la vie professionnelle et notamment la fatigue, le stress et la nervosité qui touchent entre 40% et 50% des interrogés. Pour limiter l'impact de ces sensations, deux tiers des chefs d'entreprise misent sur leur hygiène de vie et presque autant se réfugient dans l'activité physique.

"Ils ont à l’inverse tendance à sous-estimer l’importance des pratiques bénéfiques aux dimensions psychologiques (hormis le sommeil, 63%) et intellectuelles de leur santé qui sont ainsi moins entretenues et préservées", observe le baromètre.
Timothée Talbi