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Pourquoi c'est le bon moment pour demander une augmentation de salaire

Entre la hausse du coût de la vie et les difficultés de recrutement, c'est l'occasion de demander une augmentation de salaire à votre entreprise. Explications.

Et si vous demandiez une augmentation de salaire? C'est peut-être le bon moment pour en parler à votre patron. L'automne va être difficile pour le pouvoir d'achat et, surtout, il y a plus de chance que d'habitude que votre entreprise vous écoute.

Pourquoi c'est le bon moment pour demander une augmentation?

Les mauvaises nouvelles s'accumulent sur le front du pouvoir d'achat. Les prix de toutes les matières premières agricoles sont en hausse, à cause des mauvaises récoltes: le sucre, les céréales, le café, même les fruits et légumes… tout ce qui sert à fabriquer notre alimentation quotidienne. L'indice mondial des matières premières agricoles grimpe de 30% sur un an. Cela risque de se ressentir dans nos assiettes. L'énergie augmente aussi assez fortement: avec la flambée du pétrole, les carburants sont en hausse de 15 à 20%, et l'électricité est au plus haut sur les marchés de gros depuis 2008.

Citons également le coût des assurances, qui va gonfler à cause des catastrophes naturelles, ou le quadruplement des prix du fret maritime, ce qui signifie que tous les produits qu'on importe d'Asie seront un peu plus chers. Mauvaise nouvelle aussi du côté des tickets-restaurants: pendant la crise sanitaire, le plafond avait été relevé à 38 euros, il va bientôt redescendre à 19 euros. Même Netflix s'y met: le géant du streaming a annoncé une augmentation entre 1 et 3 euros du prix de ses abonnements en France. Il n'y a que le coût de la rentrée scolaire qui reste à peu près sage.

Quels arguments peut-on mettre en avant pour convaincre son patron?

Ce qu'il faut savoir, c'est que le rapport de force, à l'heure actuelle, est plus favorable au salarié. Tout d'abord, les entreprises auront du mal à dire qu'elles n'ont pas d'argent. Si on prend le CAC40, soit les 40 plus grosses entreprises françaises cotées en Bourse, on compte 60 milliards d'euros de bénéfices au premier semestre – c'est un record absolument historique. Notons aussi les faillites, en baisse de 25% sur un an, même si cela s'explique en partie par les aides distribuées par le gouvernement pendant la crise sanitaire. Les entreprises françaises, en général, se portent plutôt bien.

Par ailleurs, ce qui va aussi faire réfléchir votre patron avant de vous dire non, c'est qu'il sait qu'il sera difficile de vous remplacer, ou en tout cas qu'il n'aura jamais été aussi difficile de vous remplacer. Une entreprise sur deux assure aujourd'hui rencontrer des difficultés de recrutement. Elles ont du mal à trouver le personnel dont elles ont besoin. Si vous menacez de partir ailleurs, pour y trouver un meilleur salaire, il y a beaucoup de métiers pour lesquels ce sera très compliqué de vous remplacer et votre patron sera peut-être un peu plus à l'écoute de vos revendications salariales.

Combien peut-on demander?

Si on regarde l'indice Deloitte, la dernière année au cours de laquelle l'augmentation des salaires a été supérieure à 3%, c'était 2008. On peut penser que franchir cette barre ne serait pas déraisonnable. Mais avant tout, ce qu'il faut garder en tête, c'est que le rapport de force est un peu plus favorable aujourd'hui aux salariés. Alors oui, il y a la question du salaire, mais ce n'est pas tout. Il y a beaucoup d'autres sujets à discuter, notamment sur la qualité de vie au travail, l'aménagement des horaires, l'aménagement du télétravail, le transport pour se rendre sur son lieu de bureau.

Rappelons néanmoins que, dans les grandes entreprises, il faut tenir compte des négociations annuelles obligatoires (NAO) entre la direction et les syndicats. Selon la dernière étude Mercer, les entreprises françaises prévoient pour 2021 un budget médian de 1,4% pour les augmentations de salaires dans le cadre des NAO. Une très grande majorité d'entre elles privilégient cependant la sélectivité dans l'attribution, pour attirer et conserver les meilleurs talents, plutôt qu'une hausse générale ou une distribution individuelle à l'ensemble des salariés.

Emmanuel Lechypre avec Jérémy Bruno